GHOSTLAND
Pascal Laugier embarque Mylène Farmer dans une maison hantée et continue d’avancer sur la route d’un cinéma d’horreur libre et intransigeant.
Comme toujours chez Pascal Laugier, moins vous en saurez, « mieux » vous vous porterez. On met ça entre guillemets parce que Ghostland est une expérience éprouvante, dans tous les sens du terme... Tout commence par un chromo rural à la Stephen King. Un enfant qui court dans les champs de maïs, un patelin américain, une maison abandonnée, trois femmes qui sortent d’une Buick et s’engouffrent dans la bâtisse. La mère (Mylène Farmer, fascinante) et ses deux adolescents vont y vivre leurs pires cauchemars, mais ça, elles ne le savent pas encore. Nous non plus. À partir de l’apparition d’un croque-mitaine, tout ce que l’on pourrait révéler de l’intrigue de Ghostland n’est que diversions. On dira juste que le film est une claque, qu’il s’interroge constamment sur le rapport au réel, à l’écriture et à l’imaginaire (la plus jeune des filles est obsédée par H.P. Lovecraft et veut être écrivain, ce qu’elle devient), qu’il ménage son lot de scènes (vraiment) chocs et qu’il cache en son coeur un mélo familial déchirant qui amène à l’une des plus belles scènes vues récemment au cinéma. Il y a surtout dans ce film une envie folle de pratiquer un cinéma de genre à l’ancienne, libertaire, idéologique et farouchement « contre ». Depuis Martyrs, Pascal Laugier réalise des expériences qui cherchent à provoquer le vertige, fouillent les spirales inconscientes pour mieux se dérober à toute appréhension. On pourra reprocher au film ses (trop) nombreux twists, ses effets parfois faciles et son jusqu’au-boutisme, mais, agréable ou pas, Ghostland est un ride que le grand écran ne procure plus que trop rarement.