Première

… ET LES AUTRES

À l’occasion de la sortie du Brio, emballante comédie sur l’art de l’éloquence et sur l’intoléranc­e, Yvan Attal commente avec maestria et le verbe haut plusieurs propos tenus par le passé. u PAR DAMIEN LEBLANC

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Yvan Attal

C’est compliqué d’accepter d’être soi-même. Quand je prenais des cours de théâtre, je croyais que j’étais Robert De Niro et tout le monde s’emmerdait ! » Il était une fois le cinéma, novembre 2009. « De Niro, Al Pacino ou Dustin Hoffman restent de très loin mes modèles. Et même si un Robert De Niro a joué dans des films différents, on réalise qu’ils se ressemblen­t tous : on y retrouve toujours le même être humain, cette espèce de gars obtus, violent, incompris et rebelle. Les acteurs racontent beaucoup d’eux à travers les films, malgré les costumes et les masques qu’ils mettent. »

The Pledge de Sean Penn est un film que j’ai vu douze mille fois. » Première, août 2004. « Quand on aime un film, on est un peu comme des enfants, insatiable­s. J’avais en effet adoré The Pledge, notamment pour son aspect formel et pour Jack Nicholson. L’appréciati­on des films dépend aussi du moment où vous les découvrez. Il y en a parfois qui vous scient les pattes alors que vous ne vous y attendez pas. 120 Battements par minute de Robin Campillo m’a ainsi bouleversé récemment. » Quand j’assiste à une réflexion raciste, ça m’émeut beaucoup. J’ai une rage qui arrive et j’ai les larmes aux yeux. » Thé ou café, mai 2016. « Dans le projet du Brio, ce sujet-là m’a évidemment touché. Mais Le Brio n’est pas vraiment un film sur le racisme, il traite davantage, à l’heure où on parle beaucoup des communauté­s et du repli sur soi, du malaise qu’il y a chez certains jeunes de voir que leur pays ne leur tend pas totalement les bras. Le film évoque les valeurs communes sur lesquelles les citoyens français peuvent se retrouver. » C’est difficile de faire des films engagés. On est dans un moment de cinéma où il faut faire des choses plus feel-good. » Allociné, mai 2016. « Je l’ai ressenti au moment où j’ai réalisé Ils sont partout. Peut-être aussi que je me suis trompé en voulant traiter le sujet des clichés antisémite­s de manière frontale, mais où est l’engagement s’il n’y a pas un peu de bagarre ? Il est difficile aussi de faire des films très noirs ; on attend de la légèreté, surtout de la part d’un réalisateu­r comme moi, qui vient de la comédie. » Éric Rochant reste pour moi une personne déterminan­te. Il a changé ma vie. » Psychologi­es, septembre 2012. « J’ai tourné mon premier film avec Éric Rochant et j’ai obtenu le César du meilleur espoir. Et les deux autres qu’on a faits ensemble (Aux yeux du

monde et Les Patriotes) ont été tout aussi déterminan­ts. Ce n’était pas conscient au départ, mais Le Brio m’a permis de me retrouver dans le même univers qu’Un monde sans pitié. J’y parle d’une jeune fille d’aujourd’hui, un peu comme Un Monde sans pitié parlait de la jeunesse de son époque. »

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