Première

BERGMAN, UNE ANNÉE DANS UNE VIE

Ce docu entend dépasser le culte universel du génie suédois et son enseveliss­ement sous la religion cinéphile.

- GG

Bergman avait pensé à tout. En 1987, il décide de prendre à revers tous les hommages aveugles qui pleuvent sur lui avec un bel exercice d’autovoyeur­isme : sa superbe et cruelle autobiogra­phie Laterna Magica mettait en scène toutes ses faiblesses depuis sa sexualité torve jusqu’à ses diarrhées chroniques. Ce docu (pour les 100 ans de sa naissance) va plus loin et veut faire rendre gorge aux mythes et mensonges diffusés par le cinéaste lui-même. L’idée est simple : se concentrer sur l’année 1957, moment où Bergman devient une icône du cinéma mondial et un superhéros arty très productif (il enchaîne deux chefsd’oeuvre, quatre pièces de théâtre et sa première fiction télé). Il entame également une relation avec au moins quatre femmes, il est atteint de violents ulcères et multiplie les explosions de rage. En plus des interviews d’époque, face caméra, ses comédiens et technicien­s l’accablent des pires maux, reviennent sur ses errements (ses sympathies nazis, ses mensonges et ses vexations...). Aujourd’hui, Bergman serait traîné dans la boue ou devant les tribunaux ; il serait dénoncé par sa famille qu’il a négligée. Mais ce que dévoile la documentar­iste Jane Magnusson, c’est que cette année-là, le génie suédois touche du doigt ses propres failles et réussit à en faire un carburant esthétique. Il comprend son besoin vital de raconter des histoires pour exorciser ses démons. Au milieu du XXe siècle, le maître des marionnett­es, monstre ou pas, transforme nos turpitudes en drames existentie­ls à la beauté terrassant­e. Happy birthday !

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