by NWR, mode d’emploi
Après plusieurs mois de teasing, Nicolas Winding Refn a fini par inaugurer sa plateforme dédiée aux vieux films d’exploitation, byNWR. L’idée ? Inventer le futur des images grâce à une poignée de séries B oubliées.
C’est gratuit
Nicolas Winding Refn s’est lancé dans une croisade un peu folle. Non content de passer une partie de son existence à collectionner des copies d’obscures séries B des années soixante, le dandy danois s’est récemment mis en tête d’en racheter les droits, de les restaurer et de les mettre en accès gratuit sur une plateforme dédiée, byNWR, lancée cet été. Un geste quasi kamikaze : alors que la guerre économique fait rage dans le monde du streaming, NWR, lui, a décidé de financer son site avec ses deniers persos et de ne rien demander à ses utilisateurs en retour. « La gratuité, c’est le futur de l’entertainment », nous expliquait-il en octobre dernier, au festival Lumière, précisant que l’argent lui vient des pubs qu’il tourne entre deux longs métrages.
C’est (peut-être) visionnaire
À Lyon, durant le festival Lumière, Refn, génie du marketing, s’était livré à un happening anthologique, où il annonçait très solennellement la mort du cinéma, demandait à l’assemblée quelques instants de silence, avant de... déclarer le 7e art ressuscité, grâce à byNWR ! En donnant accès à des films d’exploitation oubliés (il y en a trois sur le site pour l’instant, l’offre va augmenter à raison d’un titre par mois), le réalisateur de Drive estime en effet qu’il pourra inspirer « les enfants du futur » : « Je veux juste rappeler que le cinéma peut être une source d’inspiration, et que la création artistique peut être aidée par la révolution digitale. Il faut réfléchir à la façon dont la technologie va déterminer les possibilités créatives de la jeunesse. » Réinventer le cinéma grâce à la découverte d’incunables sixties intitulés Hot Thrills and Warm Chills ou Shanty Tramp ? Ça peut paraître bizarre mais c’est l’idée.
C’est (bientôt) en français
ByNWR ne se contente pas de mettre des films en ligne, il les assortit aussi de contenus multimédias (textes, photos, archives diverses), pensés et assemblés par des écrivains, des journalistes et des historiens de l’art, qui replacent les oeuvres dans leur contexte culturel, et lèvent ainsi le voile sur des aspects méconnus de la pop culture. Les textes sont longs (les temps de lecture pour chaque article sont indiqués et ça grimpe jusqu’à 111 minutes !) et le site donne vite l’impression d’être en train d’explorer un très élégant cabinet de curiosités. Pour ne laisser personne sur le carreau, le distributeur La Rabbia est actuellement en train de plancher sur la traduction de toute cette littérature, qu’on attend pour mars prochain (les sous-titres français des films, eux, sont déjà disponibles). Plus que révolutionner la façon dont on consomme les images, Nicolas Winding Refn donne surtout l’impression de chercher à se (nous) faire plaisir. À Lyon, un journaliste lui a demandé s’il pensait être le nouvel Henri Langlois. Réponse de l’intéressé : « Oui, en plus beau gosse. »