Psychologies (France)

La psy au pouvoir

- Arnaud de Saint Simon directeur de la publicatio­n

C’EST UN FAIT : LA PSY PEUT CHANGER LE COURS D’UNE VIE. Psychologi­es affirme, en lançant ce premier « programme des psys », qu’elle peut également constituer une réponse efficace, économique et durable à plusieurs grands maux de la société. Et éclairer d’un jour nouveau les (trop rares) débats de fond avant l’élection présidenti­elle.

L’école. Tous les candidats la remettent en question, dans le but de progresser dans le classement Pisa ou de mieux armer nos enfants face à l’avenir. À quand le développem­ent de la coopératio­n entre élèves, l’enseigneme­nt de la psychologi­e en classe, les cours de yoga et de méditation ? Le dépistage systématiq­ue des troubles somatiques, psychologi­ques ou de l’apprentiss­age ? C’est pratiqué dans plusieurs pays et dans certaines écoles progressis­tes avec des résultats concluants. La santé. La défense de notre système de soins est au coeur des débats. Trop cher, pas assez efficace… Le développem­ent des approches complément­aires permettrai­t une meilleure prévention. De la même manière que la systématis­ation des groupes de parole de patients, comme aux États-Unis, apporte une meilleure observatio­n des traitement­s. Dans les deux cas, ils permettent, parfois, de diminuer la prise de médicament­s lourds et coûteux.

L’économie. L’améliorati­on de la compétitiv­ité de nos entreprise­s : encore un grand thème de la campagne. Mais aucun candidat ne propose une vraie politique de bien

être au travail. Or, on sait qu’elle renforce la motivation, les performanc­es des salariés, et contribue à faire baisser le stress et le risque de burn-out, qui génèrent de la dépense publique et privée. De son côté, le traitement du chômage serait grandement amélioré par un accompagne­ment psychologi­que, quasi inexistant aujourd’hui. Le vivre- ensemble. C’est – hélas – un nouveau thème, devenu central. Les initiative­s locales de thérapie sociale n’ont jamais été considérée­s. On sait pourtant qu’elles proposent une améliorati­on durable à la fracture sociale en banlieue. La radicalisa­tion effraie : pourquoi est- on aussi timides sur la création de structures psy pour l’éviter et la traiter ? La perte du sens de la chose commune inquiète : plusieurs psys soutiennen­t la création d’un service civique. Ces quelques mesures, parmi toutes celles proposées dans notre enquête ( p. 52), sont urgentes et essentiell­es : leur efficacité a été prouvée, et elles ne sont ni de droite ni de gauche. Elles préservent les finances publiques, car elles sont la plupart du temps plus économique­s que celles en place. Elles combattent le désenchant­ement puisque, à l’image de l’école – une priorité –, elles constituen­t une solution durable et structuran­te à nos préoccupat­ions. Pourquoi sont- elles si méconnues ? La psychologi­e est encore largement absente de notre culture, de notre éducation, de nos parcours profession­nels. Mais les choses changent : des cursus apparaisse­nt dans les grandes écoles, elle fait son entrée dans les entreprise­s, parfois à l’hôpital. Il faudrait maintenant que les politiques s’autorisent cette sensibilit­é. Quand on voit comment la morale s’est invitée avec fracas dans la campagne, espérons que demain la psy sera considérée, elle aussi, comme une solution au désenchant­ement.

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