La psy au pouvoir
C’EST UN FAIT : LA PSY PEUT CHANGER LE COURS D’UNE VIE. Psychologies affirme, en lançant ce premier « programme des psys », qu’elle peut également constituer une réponse efficace, économique et durable à plusieurs grands maux de la société. Et éclairer d’un jour nouveau les (trop rares) débats de fond avant l’élection présidentielle.
L’école. Tous les candidats la remettent en question, dans le but de progresser dans le classement Pisa ou de mieux armer nos enfants face à l’avenir. À quand le développement de la coopération entre élèves, l’enseignement de la psychologie en classe, les cours de yoga et de méditation ? Le dépistage systématique des troubles somatiques, psychologiques ou de l’apprentissage ? C’est pratiqué dans plusieurs pays et dans certaines écoles progressistes avec des résultats concluants. La santé. La défense de notre système de soins est au coeur des débats. Trop cher, pas assez efficace… Le développement des approches complémentaires permettrait une meilleure prévention. De la même manière que la systématisation des groupes de parole de patients, comme aux États-Unis, apporte une meilleure observation des traitements. Dans les deux cas, ils permettent, parfois, de diminuer la prise de médicaments lourds et coûteux.
L’économie. L’amélioration de la compétitivité de nos entreprises : encore un grand thème de la campagne. Mais aucun candidat ne propose une vraie politique de bien
être au travail. Or, on sait qu’elle renforce la motivation, les performances des salariés, et contribue à faire baisser le stress et le risque de burn-out, qui génèrent de la dépense publique et privée. De son côté, le traitement du chômage serait grandement amélioré par un accompagnement psychologique, quasi inexistant aujourd’hui. Le vivre- ensemble. C’est – hélas – un nouveau thème, devenu central. Les initiatives locales de thérapie sociale n’ont jamais été considérées. On sait pourtant qu’elles proposent une amélioration durable à la fracture sociale en banlieue. La radicalisation effraie : pourquoi est- on aussi timides sur la création de structures psy pour l’éviter et la traiter ? La perte du sens de la chose commune inquiète : plusieurs psys soutiennent la création d’un service civique. Ces quelques mesures, parmi toutes celles proposées dans notre enquête ( p. 52), sont urgentes et essentielles : leur efficacité a été prouvée, et elles ne sont ni de droite ni de gauche. Elles préservent les finances publiques, car elles sont la plupart du temps plus économiques que celles en place. Elles combattent le désenchantement puisque, à l’image de l’école – une priorité –, elles constituent une solution durable et structurante à nos préoccupations. Pourquoi sont- elles si méconnues ? La psychologie est encore largement absente de notre culture, de notre éducation, de nos parcours professionnels. Mais les choses changent : des cursus apparaissent dans les grandes écoles, elle fait son entrée dans les entreprises, parfois à l’hôpital. Il faudrait maintenant que les politiques s’autorisent cette sensibilité. Quand on voit comment la morale s’est invitée avec fracas dans la campagne, espérons que demain la psy sera considérée, elle aussi, comme une solution au désenchantement.