Psychologies (France)

Tes questions

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J’ai été agressé par un ado de mon âge et je n’ose plus sortir Djallel, 16 ans

J’ai eu envie de vous répondre, Djallel, parce que je pense que ce que vous vivez est très dur, et très injuste. Et que vous êtes dans une solitude qui peut être, à terme, dangereuse pour vous. Vous avez été agressé par un garçon de votre âge qui vous a volé votre ordinateur (vos parents ont porté plainte ?). Comme toute agression, celle-ci constitue un traumatism­e, et un traumatism­e nécessite que l’on soit aidé. Faute de quoi on peut développer (comme vous) des angoisses, des phobies, des cauchemars ou des blocages de toutes sortes : vous n’arrivez plus à travailler au collège. Et ce traumatism­e est, dans votre cas, d’autant plus grave qu’il s’ajoute à un contexte déjà très lourd. Vous me dites en effet que vous êtes homosexuel et que cela vous vaut, tous les jours, des insultes. Vous dites qu’elles vous laissent indifféren­t. C’est impossible, Djallel. Les injures répétées sont une torture (c’est pour cela, d’ailleurs, que la loi les interdit) et personne ne peut supporter d’être en permanence

torturé. Qui plus est sans pouvoir, comme c’est votre cas, en parler à personne. Il faut donc sortir de cette solitude. L’homophobie (comme le racisme) est le produit de l’ignorance, de la bêtise et de la cruauté. De nombreux jeunes gens qui en sont, comme vous, victimes ont créé, pour rassembler leurs forces, des associatio­ns. Il faut les rejoindre et parler avec eux. Mais il faut aussi, après cette agression, reprendre confiance en vous et en vos capacités. Et je pense que la pratique (sérieuse) d’un sport de combat vous serait utile. Il n’est pas normal que les minables petits crétins qui viennent vous insulter puissent le faire, comme ils l’ont fait jusqu’à maintenant, en toute impunité.

Je ne supporte pas que mon ami se confie à quelqu’un d’autre Loïc, 16 ans

Vous me dites, Loïc, que vous aviez un « meilleur ami » avec lequel vous aviez l’habitude de partager tout ce que vous pouviez penser ou ressentir. Et puis un problème (vous ne dites pas lequel) vous a fait prendre de la distance. Votre ami voudrait aujourd’hui renouer votre amitié, mais cela vous effraie. Parce que vous avez remarqué que, pendant la période où vous étiez moins proches, il parlait régulièrem­ent avec un autre garçon. Vous craignez donc, dites-vous, qu’il aille, en cas de problème « se confier ailleurs, à quelqu’un d’autre ». Vous me demandez quoi faire. Je crois qu’il ne s’agit pas tant de « faire » que de réfléchir aux raisons pour lesquelles vous auriez besoin d’une relation aussi exclusive avec un autre. Nous aurions tous, c’est vrai, envie d’être « tout » pour ceux que nous aimons, mais c’est impossible. Et heureuseme­nt. Car si nous réussissio­ns à être le seul horizon d’un autre, nous lui volerions sa vie et nous nous volerions, à nous-mêmes, la nôtre. Mais c’est difficile à admettre. Surtout si l’on n’a pas eu, enfant, suffisamme­nt de limites. Car l’enfant dont la mère accepte, par exemple, qu’il la harcèle, alors qu’elle est au téléphone, pour qu’elle réponde à une question (non urgente) ne peut qu’acquérir la conviction qu’il peut, sans limites, demander tout, à tout le monde, et tout le temps. Je ne sais pas quelle a été votre vie, Loïc, mais il faudrait y réfléchir. Une exigence comme la vôtre risque en effet de vous faire perdre des amis (qui vous fuiront ou que vous fuirez). Ce serait dommage, vous ne croyez pas ?

Bonjour, « tu as entre 2 ans et 12 ans, et des questions dans la tête. Tu peux me les poser. Soit en m’écrivant, soit en demandant à tes parents de le faire pour toi. À bientôt. »

Écris- lui Chaque mois, elle répond à une sélection de lettres. Psychologi­es, Claude Halmos 2-8, rue GastonRébu­ffat, 75019 Paris ou chalmos@ psychologi­es.com.

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