“Chère, chère Simone,

Céline Sallette, comédienne

Vous êtes ma muse, vous êtes ma déesse de tout. J’ai grandi avec vous comme si vous aviez toujours été là ; plus tard, quand je m’intéresse aux actrices, je suis frappée par votre beauté, votre parenté avec Bacall, la singularité de votre voix ; et c’est encore plus tard que je plonge dans votre travail et votre vie, parce que Jean-Louis Livi monte avec Christophe Ruggia un film sur la vie de Montand dans lequel vous ferez plus que figurer… C’était fascinant de vous scruter. Pour des essais, j’avais reproduit vingt minutes d’interview filmée quand vous aviez à peine 30 ans. C’est en noir et blanc, dans votre maison que vous appeliez la roulotte, on vous y interrogeait sur la jalousie, et vous en parliez de façon si simple, vous en sembliez si éloignée… C’était le début de votre histoire d’amour avec Montand. Vous m’avez semblé une des plus folles et belles amoureuses contemporaines. Depuis, j’ai chez moi deux portraits de vous, des films, bien sûr, et le livre1, c’est lui que j’aime le plus… ce qu’on y lit… votre incroyable lucidité, votre tranchant, votre vérité singulière, drôle, choquante, cette passion de l’amour et votre grand sens moral et politique… votre oeil. Ça manque… on dirait que la nostalgie est encore moins ce qu’elle était… je dirais qu’on manque d’élégance… de Gitans sans roulotte… Mais on va faire de notre mieux pour le port d’âme en attendant. Je vous embrasse bien. » 1. La nostalgie n’est plus ce qu’elle était de Simone Signoret (Seuil). Céline Sallette sera à l’affiche de Corporate de Nicolas Silhol (en salles le 5 avril) et de Cessez-le-feu d’Emmanuel Courcol (en salles le 19 avril).