AVOIR ENVIE, C’EST ÊTRE “EN-VIE”
« L’expression “croire en soi” indique que le sentiment de soi relève d’une croyance, c’est-à-dire de l’adhésion à un discours (parental, religieux, sociétal) qui peut agir comme une prédiction : je suis porté à croire que je peux réussir ou pas », expose Valérie Blanco1, psychanalyste. Il serait alors tentant de penser qu’il existe des discours à tenir à ses enfants pour asseoir leur confiance en eux. « C’est oublier que le langage est incapable de rendre compte de la totalité de notre être, précise-t-elle. Il y a ainsi en chacun de nous de l’indicible, qui s’exprime par des sentiments d’ennui, d’angoisse, de tristesse, etc. C’est ce “manque-à-être” que Lacan appelait la castration. » Notre sort est donc de n’avoir jamais totalement confiance en nous. Sommes-nous condamnés à l’insatisfaction ? Oui et non. Car le « manque-à-être » est la source de notre désir au sens large, ce mouvement de vie qui nous anime. « Avoir envie, c’est être “en-vie” ! » formule Valérie Blanco. Pour Lacan, la seule chose dont nous pouvons être coupables est d’avoir « cédé sur notre désir », de ne pas l’avoir écouté. Pour autant, nous ne pouvons pas être sûrs que tous ces désirs que nous poursuivons aillent dans le sens de cette « en-vie » fondamentale. Peut-être nous promettent-ils des satisfactions illusoires, peut-être sont-ils le produit des maltraitances que nous avons subies et qui nous condamnent parfois à la répétition. Seul un travail sur soi peut nous apporter la réponse. Au fond, suggère la psychanalyste, « l’intérêt est moins de savoir vers quoi nous courons que ce qui nous fait courir ».