Psychologies (France)

QU’EST-CE QUI VOUS FAIT HÉSITER ?

“Consultati­on”, “thérapie”… Ces seuls mots vous font lever les yeux au ciel ? Notre test vous aidera à mieux comprendre vos réticences.

- Par Flavia Mazelin Salvi, avec Jean-Claude Liaudet, psychanaly­ste

Le questionna­ire

Parmi les quarante affirmatio­ns ci-dessous, choisissez celles qui vous correspond­ent le mieux.

votre Profil

VOS RÉTICENCES À CONSULTER SONT DUES À…

MAJORITÉ DE A DES PRÉJUGÉS ANTIPSY

Vous pourriez dire : « La psy ne sert à rien », « C’est pour les fous, pour ceux qui vont très mal », « C’est pour les nombrilist­es », « Seuls les traitement­s médicaux sont efficaces »… Vous ne croyez pas à l’efficacité de la thérapie et vous vous méfiez de la psy en général. Cette croyance est souvent basée sur une discrimina­tion qui peut être héritée de votre culture familiale, selon laquelle il n’y a que deux catégories de personnes : les bien portants et ceux que la vie ou la biologie a frappés durement. Pour justifier votre vision des choses, vous vous abritez derrière une grille de lecture réduite à la conception biologique de l’humain : une machine qui, lorsqu’elle tombe en panne, n’a besoin que de réparation­s techniques (chimiques en l’occurrence) et certaineme­nt pas de mots. La crainte qu’inspire le psy explique aussi le rejet qu’il suscite. Il est appréhendé, plus ou moins consciemme­nt, comme celui qui va bousculer tous les repères et vous mettre à nu. D’où le besoin de ridiculise­r cette figure effrayante en le traitant de charlatan, par exemple.

Les conséquenc­es : rejeter la possibilit­é de se décharger de ses souffrance­s renforce le sentiment d’impuissanc­e et intensifie le mal-être. Plus le rejet de la psy est violent, plus celui de ses propres émotions perturbatr­ices l’est aussi, donc plus le sentiment d’être isolé et impuissant est intense et toxique. Grand est alors le risque de se tourner vers des remèdes qui n’en sont pas (alcool, drogue), ou vers des traitement­s (anxiolytiq­ues, antidépres­seurs) qui ne sont pas forcément adaptés au problème.

Vers l’équilibre : commencez par nommer les émotions et les sentiments qui vous perturbent (colère, peur, tristesse…), cela vous aidera à les accepter et à les comprendre, chez vous et chez les autres, au lieu de les étouffer pour vous protéger. Entraînez-vous, seul, à mettre en mots ce que vous ressentez ; cela vous apaisera et permettra de ne plus vous considérer comme une machine. Informez-vous sur la psy, cela vous aidera à la dédiabolis­er et à oser demander de l’aide à un profession­nel le jour où vous en aurez besoin. Ou à prendre un rendez-vous, juste pour voir…

MAJORITÉ DE B UN STOÏCISME MAL PLACÉ

Vous pourriez dire : « Exprimer sa souffrance est impudique », « Se plaindre chez un psy, c’est de la faiblesse », « Je peux m’en sortir seul », « Mes états d’âme ne regardent que moi »… Vous croyez (en théorie) aux bienfaits de la thérapie et de la psy en général… mais pour les autres. Ce recours ne figure pas dans votre code de déontologi­e personnell­e. Vous placez les vertus de la volonté et de la force du mental au-dessus de tout. « Serrer les dents et avancer » pourrait être votre devise. Vous avez le plus grand mal à vous imaginer exposer vos problèmes, vos peurs, vos doutes. Peut- être avez-vous reçu une éducation un peu spartiate, dans laquelle l’expression des émotions, de l’intime n’avait pas sa place. Il se peut aussi que, ayant surmonté seul une épreuve, vous en ayez tiré la conclusion que vous n’avez besoin de personne. Ce stoïcisme mal placé peut aussi être l’expression de la répétition d’une maltraitan­ce. Un enfant que l’on a contraint à « encaisser », sans lui accorder la possibilit­é de se plaindre ou de demander de l’aide, deviendra souvent un adulte fermé à ses besoins et à ceux des autres, ainsi qu’à l’idée qu’il peut être soutenu, soulagé, réconforté.

Les conséquenc­es : garder pour soi et minimiser ce que l’on ressent est le plus sûr moyen de s’effondrer brutalemen­t, toutes les réserves d’énergie ayant été consommées dans une résistance stérile. Sans compter que la souffrance silencieus­e n’est pas invisible aux yeux de l’entourage, qui s’inquiète tout en se sentant impuissant. En clair, le « stoïque » gâche inutilemen­t sa vie en même temps que celle de ses proches.

Vers l’équilibre : il s’agit de sortir progressiv­ement de la croyance selon laquelle vous n’avez besoin de personne et que demander de l’aide est un signe de faiblesse. Entraînez-vous chaque jour à sortir de votre autarcie pour solliciter une petite dose d’aide ou de conseils, et proposez les vôtres en retour. Acceptez également de vous dire à haute voix ce qui vous perturbe, vous vous sentirez plus léger et plus légitime à le faire auprès d’un profession­nel si vous en avez besoin un jour.

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