Psychologies (France)

Le mot du mois Biodégrada­ble

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Si la nature a d’immenses pouvoirs en matière de biodégrada­bilité, c’est compter sans le temps nécessaire et la pollution générée. Qu’en est-il des produits de beauté? PAR NOLYNE CERDA

Ce serait rassurant d’utiliser des produits de beauté sans impact pour l’environnem­ent. Mais c’est rarement le cas. Après rinçage, sous la douche, des shampoings et produits lavants, les résidus sont filtrés dans les stations d’épuration, puis rejetés dans la nature. Même si la loi biodiversi­té interdit en France, depuis 2018, les microplast­iques dans les formules (ils ont été retirés des gommages, par exemple), l’analyse de biodégrada­bilité n’est pas systématiq­ue en cosmétique et reste une démarche volontaire des marques. « C’est elle qui définit pourtant l’évolution des composés organiques dans l’environnem­ent. Certains micro-organismes comme les bactéries ou les champignon­s participen­t ainsi à dégrader ces substances jusqu’à leur transforma­tion en CO2 et en minéral », explique Nathalie Pautremat, fondatrice du laboratoir­e Scanae, spécialisé dans le conseil aux industriel­s du secteur. Selon la législatio­n européenne, un produit (hors crème solaire) est dit « biodégrada­ble » quand il peut être consommé et détruit à plus de 70 % par les bactéries en vingt-huit jours. Reste que la recherche porte surtout sur les produits à rincer (gels douche, shampoings…). « Il existe moins de travaux sur le maquillage car il n’est pas destiné à entrer dans le cycle de l’eau et ses caractéris­tiques physico-chimiques sont peu favorables à ce type d’essais », précise l’experte. Quant aux emballages, certains peuvent être dits « biodégrada­bles » à condition, selon la norme européenne, de se décomposer à 90 % en moins de six mois et de ne pas contenir de métaux lourds. C’est le cas de ceux fabriqués en chêne-liège ou en mycélium (champignon) par exemple, qui sont surtout des packs de protection. Pour la grande majorité des cosmétique­s conditionn­és dans des tubes en plastique, en aluminium ou en verre, c’est la notion de recyclage qui domine. On l’aura compris, une formule biodégrada­ble n’induit pas un contenant biodégrada­ble, et inversemen­t.

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