Psychologies (France)

La main dans le sac…

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C’est une petite leçon de vie qui m’est arrivée récemment, alors que je sortais d’une émission sur France Inter, un mardi matin. J’étais en train de marcher sur le parvis de la Maison de la radio et de me diriger vers mon scooter pour me rendre à l’hôpital Sainte-Anne. Tout en marchant, je rallume mon portable et lis mes messages. Ce n’est pas une bonne idée. Je ferais mieux de ne faire que marcher, respirer, regarder le ciel et le mouvement de la vie autour de moi, laisser reposer l’excitation de l’émission, etc. Mais bien sûr, ce jour-là, je me convaincs que j’ai de bonnes raisons de le faire : voir si mon premier rendez-vous à l’hôpital ne s’est pas annulé, si j’ai reçu des réponses à quelques appels urgents, et autres justificat­ions habituelle­s. Mais mon ange gardien veille sur moi et a décidé de m’adresser un rappel à l’ordre souriant. Comme je marche penché sur mon portable, mais en relevant la tête de temps en temps pour ne heurter personne, je vois une dame, qui m’observe en rigolant et en me regardant bien droit dans les yeux. En me croisant, elle m’interpelle : « Alors, monsieur André ! Ce n’est pas bien de faire ça ! » Elle est morte de rire. Je ne la connais pas, mais je comprends que c’est une de mes lectrices. Elle m’a reconnu, et elle doit connaître aussi mes recommanda­tions, généreusem­ent dispensées dans mes livres, conférence­s et interventi­ons dans les médias : « Le téléphone portable est un engin merveilleu­x et diabolique, dont nous devons faire un usage contrôlé et modéré » ; « Notre cerveau n’est pas conçu pour faire deux choses en même temps, on marche ou on regarde ses messages », etc. En général, j’applique ces recommanda­tions. Par souci de cohérence, et aussi parce que je me sens mieux en vivant ainsi. Mais, de temps en temps, ma vigilance se relâche, comme ce matin, où je suis pris la main dans le sac, et le nez sur le portable ! La dame rit, et je rigole moi aussi. Je sens une petite envie réflexe de me justifier, d’expliquer que c’est exceptionn­el, que je ne le fais jamais, que d’habitude… Mais non, je bloque mes mots juste avant qu’ils ne sortent de ma bouche. Inutile, mieux vaut accepter la leçon de bon coeur. Je reconnais que j’ai tort, et je lui dis juste : « Je sais ! Merci, vous avez raison ! » Et je range mon téléphone dans ma besace. Tout ça pourra attendre. Le ciel est bleu, le soleil d’hiver brille de son mieux, la dame m’a fait sourire. Je ne me suis pas senti mal à l’aise avec sa remarque, juste gentiment rappelé à l’ordre. Elle a raison : durant ces quelques minutes de transition entre deux activités, je ferais mieux de simplement marcher, respirer, savourer, laisser tout ce que j’ai vécu durant l’émission se déposer doucement en moi, nourrir mon coeur et mon esprit. Je continue vers mon scooter, avec un sentiment de gratitude pour cette lectrice anonyme, qui m’a gentiment poussé vers un peu plus d’intelligen­ce et de cohérence. J’aime que l’on m’aide à progresser…

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