Matériel Daddy Craft
Alors que Port-Blanc s’éveille doucement, je fais la connaissance de Mathieu Lefin. Si le nom ne dira probablement pas grand-chose aux passionnés que nous sommes, ses créations commencent à monter en puissance au sein des boîtes à pêche car Mathieu est l’un de ces hommes qu’on appelle crafteur...
Mathieu est le père fondateur de Daddy Craft, une société créatrice de leurres de pêche et qui est basée à Degré, à quelques encablures du Mans. L’entreprise est récente. Elle ouvrit ses portes en 2017 à l’issue d’une histoire assez extraordinaire que Mathieu va nous conter alors que le Doris du guide morbihannais, Philippe Sirop, sur lequel nous avons embarqué, entame son périple sur cette grande mer intérieure.
La remise en cause
« À l’origine, je suis issu du Var. Bien sûr, j’ai découvert la pêche très jeune. Je pratiquais aussi la plongée », souligne Mathieu. Seulement, il va quitter les bords de la Méditerranée. « Mon arrière grand père avait été tailleur de pierre, mon grand-père aussi. Ce métier était une histoire de famille et ce fut pour moi le choix du coeur. Je suis parti barouder avec les Compagnons des tailleurs de pierre ».
Un drame va alors bouleverser la vie de Mathieu. « J’ai eu un accident du travail en 2011 ». Le dos est littéralement brisé. « J’ai passé trois années à l’hôpital, subissant plusieurs opérations. Le système nerveux a été gravement endommagé aussi. Je sais que je finirai dans un fauteuil. Le plus tard possible, j’espère ». Mathieu qui marche à l’aide d’une canne se trouve face à une grosse remise en question. « J’ai eu le temps de réfléchir à l’hôpital. Il fallait que je trouve une occupation. J’étais un manuel. Les leurres, j’avais déjà fait. J’avais maintenant le temps. Alors je me suis lancé dans le développement ». Mathieu, contexte oblige, a une approche très particulière. « Pêcher en fauteuil, c’est forcément pêcher dans des endroits surpêchés. Pour prendre du poisson qui est difficile on doit opter pour des leurres qui ne sont pas ceux que l’on trouve dans le commerce. Il faut des leurres discrets avec des animations ou des sonorités différentes ». Finalement, la démarche est une peu la même que celle qui a inspiré les créateurs japonais de leurres. Il y avait tellement de pêcheurs au pays du Soleil Levant que c’est forcément un leurre extraordinaire qui pouvait faire la différence.
Ainsi va naître Daddy Craft. « C’est autour d’une bière avec un copain anglais qu’est venu le nom. Il fallait une teinte anglophone. Daddy, c’est papa en anglais. Les crafters sont des artisans réunis autour d’une même passion ». Mathieu monte une I-Boutique. « C’est bien, mais que je me suis vite rendu compte qu’il fallait avant tout aller vers les gens, discuter avec eux ». Ainsi, au Salon de la Pêche en Mer, à Nantes, en mars dernier, Mathieu participe à Yes We Craft