Maintenir une ligne vivante
Qu’il s’agisse de présenter un leurre ou un appât, l’aspect naturel est primordial. Le comportement idéal dépend de la tenue de la ligne. Elle est un savant mélange entre ligne molle et ligne tendue.
Donner vie à un leurre ne passe pas que par l’action que l’on peut lui imprimer. La vie se trouve également au travers des réactions avec l’environnement. Un leurre qui bouge uniquement sous les influences extérieures (courants, vagues, simple coulée verticale) est certainement plus naturel qu’un leurre animé de façon excessive. Pour les esches naturelles, le problème est encore plus sérieux car elles sont bien souvent représentatives d’une nourriture inerte et non plus capables de fuir.
Apprendre à gérer les états de latence naturelle demande du temps et de la patience. Y parvenir est un peu comme s’élever au rang de l’artiste car il s’agit-là de la chose la plus complexe qui soit. Que vous tâchiez de faire vivre un montage de surf, que vous recherchiez la meilleure plombée pour une ligne flottante ou pire, que vous vous essayiez à la pêche au « toc », l’art de la ligne naturelle appellera un jour ou l’autre votre attention.
Pour le maîtriser, il n’y a qu’une seule voie : la perception de l’imperceptible ! Entendez par là la nécessité de percevoir le simple poids de la ligne. Il faut absolument dissocier le poids de l’esche de celui de la ligne. La ligne est prise par le courant, et la pression engendrée par ce courant est un indicateur de ce que l’appât naturel subirait s’il n’était pas entravé par le fil. Comprenez bien le coeur de cette phrase… En ressentant la pression du courant, on peut la neutraliser en donnant du « mou » dans la ligne. Une ligne naturelle est une ligne qui ne subit pas, ou très peu l’influence du
Le juste équilibre : une ligne semi-tendue afin de percevoir tout soupçon de touche.
courant. Bien évidement, cette notion n’est que subjective, car quoi que l’on fasse, le fil reste bien présent dans le courant. Néanmoins, en jouant sur les tensions et détentions de la ligne, on permet à l’appât de se comporter plus librement dans le courant. Il n’apparaît quasiment jamais bridé par cette force « céleste » que représente en réalité le fil du pêcheur.
Que l’on oeuvre avec une canne bolognaise ou une canne à leurre, la problématique est la même. Il faut faire peser la ligne dans la canne jusqu’à parvenir à en ressentir les moindres différences de pression. On ne peut pas exactement convertir des mots en sensations, en revanche on peut tenter de vous orienter sur la bonne voie.
Le secret se situe dans ce que vous voyez, afin d’y associer par la suite ce que vous ressentez dans la canne. Lorsque vous lancez un appât à l’eau et qu’immédiatement vous détendez la ligne, vous allez l’observer se tendre. Dans le courant, dès que la ligne est tendue, l’appât remonte à partir du moment ou la plombée perd prise. Vous voyez donc la ligne se tendre jusqu’à ce qu’elle remonte. C’est à partir de ces sensations qu’il faut travailler. Tant que l’appât peut être exempté de toute retenue il est naturel, certes. Néanmoins, avec une ligne détendue complètement on perd toute perception de la touche.
Pour maintenir à la fois la liberté de l’esche ou du leurre et la bonne perception des touches, il faut faire en sorte que la ligne « repose » sur l’eau. En s’appuyant simultanément sur la pointe de la canne, sur le poids du leurre et sur le courant, la ligne repose naturellement. On dit que la ligne est alors semi-tendue. Il s’agit d’un état parfaitement instable et qui l’est d’autant plus que la mer est agitée. Cet état de la ligne est donc très difficile à maîtriser, et pour y parvenir il faut être attentif. ■