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Le métier de VENDEUR EN FROMAGERIE

Accueillir les clients, couper les fromages, les emballer… Lors de ma demi-journée comme vendeuse en fromagerie dans une enseigne du XVIe arrondisse­ment de Paris, je vais vite apprendre que dans ce domaine, aucun geste ne se fait au hasard, tout est quest

- Innocentia AGBE

Le soleil tape fort sur la Capitale ce vendredi 7 juillet. Me réfugier dans la Fromagerie d’Auteuil, dans le XVIe arrondisse­ment de Paris, où je vais tester le métier de vendeuse en fromagerie est ainsi plutôt agréable. La zone de vente est équipée d’un ventilateu­r. J’ai rendez-vous à 9 heures pour prendre possession de mon poste, pour une demi-journée d’essai, jusqu’à 13 heures. Je suis accueillie par Michel Fouchereau, Meilleur Ouvrier de France, qui tient cette boutique avec sa femme. Une fois ma blouse de travail enfilée, on me positionne derrière le comptoir. Trois autres salariés sont présents. Tous sont polyvalent­s. “Nous accompagno­ns le client jusqu’à l’encaisseme­nt”, m’explique Michel Fouchereau. Ainsi, ce dernier est pris en charge du choix du fromage jusqu’à la caisse par la même personne.

DE LA VENTE À L’AFFINAGE

Comme nous sommes en pleine période des vacances d’été, l’activité est plus calme qu’un vendredi habituel. Heureuseme­nt pour moi. Ainsi Michel Fouchereau peut prendre un peu de temps pour m’expliquer comment sont disposés les produits. Car même si j’apprécie le fromage, je suis perdue face à l’ampleur des variétés présentées. “Au maximum, nous en

proposons 250”, commence-t-il. Mais les fromages ne sont pas rangés au hasard. Un espace est dédié aux fromages à pâtes molles à croûtes lavées, un autre à ceux à pâtes molles à croûtes fleuries, aux chèvres, aux pâtes pressée de brebis, aux variétés plus rares... Impossible de tout retenir mais cette descriptio­n me permet de m’y retrouver un peu. Et surtout, je me rends déjà compte qu’en fromagerie, les vendeurs détiennent un réel savoir-faire, et des connaissan­ces sur tout un pan de la gastronomi­e française. “Ils doivent être capables de dire si c’est une croûte pressée, la technologi­e utilisée, le type de lait, l’origine du produit”, m’explique Michel Fouchereau. Ma formation express ne s’arrête pas là. Avant de pouvoir servir le fromage, il faut que je sache comment le couper. Quel matériel utiliser en fonction du fromage ? Couteau simple, couteau double, lyre, fil… Comment placer mes mains pour ne pas me blesser ou abîmer le produit ? Je fais aussi rapidement un tour dans la cave, là où sont affinés les fromages. Tous les employés

peuvent participer à cette tâche. Michel Fouchereau me montre comment on brosse ou essuie un fromage en fonction du fleurissem­ent. Si en boutique il n’y a pas d’odeur particuliè­re, dans la cave je la trouve forte et j’ai du mal à m’y habituer. Mais je remonte rapidement à la surface pour me remettre derrière le comptoir.

MÉTIER DE CONTACT

Vers 10 h 30, j’accueille mon premier client. J’ai de la chance, il veut juste des yaourts. Mais au second, les difficulté­s commencent. Ce n’est pas facile d’avoir tout de suite les bons gestes : la découpe, le pesage, l’emballage. Sachant que je dois normalemen­t effectuer toutes ces tâches en continuant à discuter avec le client. “Les mains travaillen­t pendant que vous regardez le client”, m’explique Michel Fouchereau. C’est avant tout un métier de commerçant, le contact est très important. D’ailleurs cet aspect me plaît. Les clients sont avides de conseils, prennent leur temps, discutent. On sent que la visite chez le fromager est un moment de détente. “Je mets tout de suite les nouvelles recrues face aux clients pour qu’elles

ne développen­t pas de timidité”, m’explique Michel Fouchereau. La matinée passe très vite. Au fur et à mesure, j’acquiers quelques gestes. Il est certain que c’est la répétition de ces derniers qui permet d’être à l’aise. Surtout, je me rends compte que chaque geste est pensé. Comme la façon de demander, avec le couteau posé sur le fromage, de quelle taille le client veut sa part. “Il faut toujours commencer par lui montrer un petit morceau et augmenté petit à petit”, m’explique Le Meilleur Ouvrier de France. Ce que je mets directemen­t en pratique avec le prochain client. Il y a aussi une façon particuliè­re de parler des fromages. “Par exemple, on ne dit pas qu’un fromage est

fort mais qu’il a du caractère.” Il faut employer des termes positifs et connaître les produits pour savoir en parler, donc les avoir goûtés. Ainsi, il n’y a pas de secret : il faut aimer ce produit pour travailler dans ce domaine. Avec un morceau de Saint-Nectaire, Michel Fouchereau me montre comment se déguste un fromage : prendre le temps de le sentir avant de commencer à le déguster. La matinée passe très vite, grâce au contact client et à la bonne entente entre les salariés.

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 ??  ?? Il faut choisir le bon couteau et bien le maîtriser pour ne pas se blesser ou abîmer le fromage.
Il faut choisir le bon couteau et bien le maîtriser pour ne pas se blesser ou abîmer le fromage.
 ??  ?? L’emballage demande des gestes précis et rapides.
L’emballage demande des gestes précis et rapides.
 ??  ?? Les employés sont polyvalent­s et s’occupent aussi de la caisse.
Les employés sont polyvalent­s et s’occupent aussi de la caisse.
 ??  ?? Mon premier client veut des yaourts, une tâche facile pour commencer.
Mon premier client veut des yaourts, une tâche facile pour commencer.
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