Rebondir

ITINÉRAIRE BIS

Régis Dubois De l’escalier du 36 aux marches de l’entreprise

- Julie Tadduni

Régis Dubois est de ces personnes qui ne tiennent pas en place. Une fois sa carrière à la brigade antigang achevée, il ne se voyait pas rester inactif. Il opte pour le partage d’expérience, et retrouve cette sensation de dépassemen­t de soi qui lui est indispensa­ble, grâce à la formation.

L’adrénaline, Régis Dubois en a besoin au quotidien. C’est tout logiquemen­t qu’il entre dans la police en 1984. Six ans plus tard, il intègre la division violence et terrorisme des renseignem­ents généraux, puis la brigade de recherche et d’interventi­on (BRI), plus communémen­t appelée brigade anti-gang, au mythique 36 quai des Orfèvres. Mais Régis Dubois est aussi un grand amateur de boxe. En parallèle de sa carrière, il crée donc un club dédié aux sports de combat. À son actif, l’homme compte des centaines d’arrestatio­ns de malfaiteur­s, la gestion de prises d’otages, ou encore d’actes terroriste­s. En 2009, il reçoit même la médaille du courage et du dévouement de la Police nationale à la suite d’une libération d’otages. Pas étonnant qu’en 2012, lorsqu’on l’informe qu’il doit prendre sa retraite, cet hyperactif ne l’ai pas entendu de cette oreille et ne se soit pas imaginé une seconde sans activité.

“J’avais une vie mouvementé­e, tant au niveau de ma fonction, que des horaires ou des déplacemen­ts à l’étranger, se souvient l’ancien coordinate­ur de la

brigade anti-commando. Je me suis alors demandé ce que je pouvais faire avec l’expérience qui est la mienne. Transmettr­e mon savoir me semblait important, avec une analyse qui ne s’apprend pas dans les livres, c’est l’expertise du terrain. Après réflexion, je me suis dit que je pouvais transmettr­e ce vécu et en faire profiter les autres en créant un organisme de formation spécialisé en sûreté.”

DES UNIVERS PAS SI ÉLOIGNÉS

En 2013, il décide de créer un organisme de formation et de conseil en sûreté, recherche et dissuasion, le C-SRD. Lors de ces formations, il partage son expérience qu’il met désormais au service des entreprise­s. Il demande la certificat­ion ICPF & PSI pour attester de sa capacité à dispenser des formations qui soient qualitativ­es. “Comme dans mon précédent métier, je ne laisse rien au hasard. J’ai donc décidé de me faire certifier, indique Régis Dubois. Je voulais ainsi faire reconnaîtr­e mon profession­nalisme dans le privé et me faire connaître par les donneurs d’ordre. Cette

démarche m’oblige à évoluer et à me mettre en adéquation avec des standards de plus en plus exigeants. Elle me conforte également dans la qualité de mes prestation­s”. Si la gestion de prise d’otages et d’actes terrorisme semble à mille lieux de la formation en entreprise, l’ancien policier y voit pourtant des

similitude­s avec son activité d’autrefois. “Je fais de la prévention du risque. Un risque causé par des gens que j’interpella­is avant. Je sais exactement comment travaillen­t les voyous, je suis capable de la même analyse qu’eux”, explique-t-il. Et les entreprise­s font preuve d’engouement envers ces formations.

LE SOUCI DE BIEN FAIRE

“Les délits, l’agressivit­é, et le terrorisme augmentent,

déclare Régis Dubois. Il s’agit de les prévenir mais aussi de savoir comment les gérer devant le fait accompli.” L’actualité malheureus­e oblige en effet de plus en plus les entreprise­s à réagir. Et ce n’est pas la seule spécialité que l’ex de la BRI souhaite proposer

aux sociétés. “Un ancien commissair­e divisionna­ire vient de me rejoindre. Il était quant à lui spécialisé dans la lutte contre la corruption. Il va donc pouvoir dispenser son expertise aux entreprise­s. Le principe

est de faire ce que l’on connaît uniquement”, tient-il à préciser. En effet, Régis Dubois est ouvert à tous types de spécialité­s que peuvent apporter d’anciens cadres en reconversi­on, pourvu qu’ils connaissen­t le terrain, l’idée n’étant pas de recruter un profil sortant tout juste de l’école ou justifiant d’une expérience trop peu significat­ive. Lorsque l’on interroge Régis Dubois afin de savoir s’il trouve le monde de l’entreprise privée violent, il

explique que c’est un univers “confronté principale­ment à une forme de violence verbale. J’interviens notamment auprès d’un acteur de la grande distributi­on. Il peut y avoir des agressions sur le personnel (de la part de braqueurs, ndlr) de l’animosité envers lui, etc. D’où l’importance d’avoir des équipes qui soient formées. C’est quelque chose qui a été compris depuis plus longtemps dans les hôpitaux par exemple. Tout le monde a tout intérêt à prendre l’expertise de l’autre.” Quant à savoir si sa nouvelle vie est aussi prenante que l’ancienne… “Dans la police, j'ai été confronté à des situations extrêmes qui nous poussent à nous dépasser et à donner en permanence le meilleur de nous-mêmes. Dans la formation, je retrouve cette sensation de dépassemen­t de soi”, conclut-il.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France