Le métier d’auxiliaire spécialisé vétérinaire
En ce vendredi 30 mars, je trépigne d’impatience avant d’arriver à la clinique vétérinaire des docteurs Balouka et Bismuth à Levallois-Perret (92). Enfant, j’ai longtemps voulu devenir vétérinaire mais mes notes scientifiques au collège ont eu raison de c
Dans cette petite clinique, elles sont deux, Alice Perot et Natacha Zarrabi à se partager le planning, 8h-14h ou 14h-20h, pour un peu plus d’un Smic, après deux ans d’études. Je suivrai la première tout au long de la journée. 8h, nous allumons les machines, vérifions les paiements de la veille et passons un coup d’aspirateur. Une demi-heure plus tard, la première patiente arrive. Une cliente vient déposer sa chatte. Nina, 11 mois, vient voir le vétérinaire pour une prise de sang afin de vérifier que son traitement pour soigner sa maladie auto-immune, une anémie hémolytique à médiation immune plus précisément, a fonctionné. Premier terme médical, je ne comprends pas tout. L’ASV pose des questions à sa maîtresse pour savoir comment se sont passés les derniers jours à la maison, elle va beaucoup mieux. Je mets Nina dans sa petite cage et lui fait quelques caresses au passage. Ensuite, arrive un autre chat, Darius, 7 ans, pour un détartrage, ce qui nécessite une anesthésie générale pour un chat. Celui-là est beaucoup plus stressé. Pendant
que nous préparons le matériel nécessaire, Alice Perot me décrit son métier : “Dans les petites structures comme celle-ci, le travail consiste majoritairement à accueillir les clients et aider aux soins mais ce n’est pas le cas chez tous les vétérinaires”, explique-t-elle, enthousiaste. Entre temps, un client vient déposer les selles de son chien à faire analyser. “En ce moment des
parasites intestinaux sévissent à Levallois”, préciset-elle. J’appelle un coursier pour venir récupérer le “paquet” et file voir Nina dans sa cage pour lui faire des papouilles, elle en ronronne de plaisir. J’apprendrai au cours de la journée qu’une ASV a pas mal de paperasse à gérer. Le docteur D’Harcourt travaille un jour par semaine au cabinet, elle arrive un peu avant 10h. L’ASV lui fait un débrief rapide. Pendant quelques minutes, j’ai l’impression d’être dans la série “Urgences”, elles emploient des termes techniques de médicaments et autres outils médicaux. Nous passons à l’action. D’abord, Darius, assez stressé, pour lui poser un cathéter afin de faire pénétrer le produit anesthésiant. Alice Perot tient le chat pour éviter qu’il
ne blesse quelqu’un. “Durant les soins, la contention (tenir fermement les animaux, NDLR) est le travail principal des ASV. C’est important de bien les tenir,
il y a vraiment une manière de le faire”, explique le docteur D’Harcourt. À l’aide de machines spécialisées, j’analyse les données sanguines des deux chats. L’ASV m’explique que le sang est composé de cellules sanguines (plaquettes, globules rouges et blancs) et de plasma. Mon profil littéraire me joue des tours mais je me concentre très fort pour comprendre. D’autant qu’il y a quelques gestes précis à exécuter, notamment transvaser le sang, de la pipette à un retor, sans faire de bulles ni trop en aspirer.
UN TRAVAIL MULTITÂCHES
Dans la salle d’attente, sans que je ne m’en rende vraiment compte, une apprentie en stage a réceptionné une grosse commande de cartons qu’elle a enregistrée et rangée. Ce sont les ASV qui sont chargées des commandes, et réceptions, en ce qui concerne les consommables (aiguilles, seringues, retors…), les médicaments et l’alimentation (croquettes, pâtés…). Le détartrage de Darius commence. Je suis assez déstabilisée car ses yeux restent ouverts malgré l’anesthésie mais “c’est normal chez les chats”. La vue du sang ne me dégoûte pas pendant le détartrage. Je ne sais pas comment j’aurais réagi pendant une vraie opération mais dans ce cabinet, les chirurgies,
“souvent des castrations ou des stérilisations”, détaille Alice Perot, ont lieu un autre jour. J’en profite pour retourner voir Nina et lui faire des gros câlins. Il reste une prise de sang à faire sur Darius. Encore groggy
de son anesthésie, j’ai le droit de le tenir à mon tour et me rends compte qu’il faut tout de même un peu de force dans les bras pour l’empêcher de bouger. À l’accueil, d’autres clients arrivent pour des consultations, vaccin ou vérification post-opératoire. J’assiste à leur prise en charge mais ne rentre pas en salle de consultation. Ici, les ASV n’y assistent pas. Je suis très étonnée de constater que les maîtres sont tous très attachés à leurs animaux. Certains les laissent avec angoisse. C’est une autre partie du travail d’Alice Perot de les rassurer, d’expliquer ce qu’il se passe, ce qui a été fait en leur absence. “Je donne des renseignements, fais de la vente et réponds au téléphone.
Après cela dépend des structures”, déclare-t-elle. Il est presque midi et je n’ai pas vu la matinée passer. Darius se réveille doucement. J’essaye de lui donner à manger du thon mais il ne daigne même pas le sentir. Il a encore les pupilles dilatées, sa maîtresse viendra le chercher à 15h. Quant à Nina, j’ai beau adorer la caresser, sa maîtresse vient la récupérer, apaisée par les bonnes analyses et le discours rassurant de l’assistante. Il est presque 14h. L’autre ASV, Natacha Zarrabi, arrive. Alice Perot fait les transmissions. Ma journée de travail touche à sa fin. Je suis pleine d’énergie, j’ai adoré découvrir ce métier et, surtout, travailler avec des animaux. Mais ma “tutrice” nuance : “Il n’y a pas tant de contact que ça avec les animaux. Dans des petits cabinets, il y a beaucoup de choses à faire et les patients ne restent pas souvent la nuit donc difficile de créer des liens. Ce n’est pas la même chose en hôpital où les animaux restent plus souvent et où l’adrénaline est au rendez-vous”.