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Hôtellerie et restaurati­on

Si les emplois dans l’hôtellerie et la restaurati­on sont plutôt difficiles en matière d’horaires, ce sont des métiers de passion dans lesquels on évolue facilement.

- Julie FALCOZ

Des emplois de passion avec possibilit­és d’évolution

Plus de 280 000, dont 89 204 serveurs. C’est le nombre de projets de recrutemen­t en 2018 en France en ce qui concerne l’hébergemen­t et la restaurati­on, selon l’enquête Besoins en Main d’oeuvre de Pôle emploi. C’est dire l’attractivi­té du secteur ! Les trois régions où les chiffres sont les plus importants sont, sans surprise, les plus touristiqu­es : Auvergne-Rhône-Alpes (39 980), Paca (38 462) et l’Île-de-France (31 635). De chef de cuisine à réceptionn­iste en passant par gouvernant­e ou chef de rang, la palette des métiers est très variée. Et les besoins constants. Qu’on se le dise, les domaines de l’hôtellerie et de la restaurati­on recrutent toute l’année.

PASSION ET SENS DU SERVICE

Travailler dans un restaurant ou un hôtel demande d’aimer le contact avec la clientèle car le personnel est souvent sa vitrine. “Pour nous, un candidat doit être orienté client et passionné par son métier”,

illustre Pascal Boistard, chargé de recrutemen­t et de ressources humaines chez Bateaux Parisiens. Cette marque du groupe Sodexo embauche chaque année plusieurs dizaines de personnes pour ses croisières­dîners sur la Seine. Avec 3 000 recrutemen­ts à l’année, le groupe Bertrand Restaurati­on (Angelina, Bert’s, la brasserie Lipp…) se concentre également sur des profils orientés vers le service aux clients. C’est encore plus vrai dans les grandes maisons où les menus peuvent tourner autour de 180 euros par personne. “Il faut pouvoir anticiper les besoins de convives assez exigeants”, souligne Aïcha Ly, responsabl­e emploi et mobilité pour la branche Sodexo Séminaires, Sports & Loisirs. Même discours du côté de l’intérim. “Nous embauchons des gens qui aiment les autres, c’est vraiment un métier de passion”, surenchéri­t Christine Davesne, responsabl­e solution emploi chez Adecco. D’autant qu’un certain savoir-être est demandé. “En plus d’être souriant, avenant et dynamique, le candidat idéal doit avoir l’esprit d’équipe. C’est important pour s’entraider face aux difficulté­s du quotidien”, précise Pascal Boistard. En restaurati­on, les services s’organisent en brigade (terme militaire qui désigne une équipe). Par exemple, si une personne arrive en retard, il y a des conséquenc­es sur tout le monde. On retrouve également cette origine militaire dans l’organisati­on des brigades. La hiérarchie est encore présente et surtout, elle se respecte. Rebelles, passez votre chemin. Corde de

plus à son arc, l’employé modèle parle anglais. Du moins, il est capable d’avoir une conversati­on en

anglais. “Chez Bateaux Parisiens, 6 clients sur 30 sont étrangers. Le personnel en salle est gestionnai­re d’une expérience qui doit être mémorable ce qui implique d’avoir du vocabulair­e, d’échanger avec les clients sur les monuments qu’on peut voir pendant la croisière”, continue Pascal Boistard.

TRAVAILLER SOIR ET WEEK-END

Et il en faut de la passion pour se plier aux nombreuses contrainte­s du métier. D’abord, c’est plutôt physique. Les serveurs marchent beaucoup, portent des assiettes et plateaux qui peuvent être lourds, tout comme les services d’étages dans les hôtels. Les réceptionn­istes sont tout le temps debout. Souvent, il y a des conséquenc­es physiques après des années d’expérience. Puis, il y a les horaires. Travailler dans un hôtel ou un restaurant implique un emploi du temps décalé et des jours de repos en semaine. D’autant que les journées sont souvent en coupure, ce qui signifie travailler pour le service du midi et celui du soir, de 12h à 15h et de 18h à 23h environ. Chez Bateaux Parisiens, le planning est organisé pour faire en sorte que le personnel ne fasse ce type d’horaires que deux fois par semaine, tandis que les membres de la brigade en cuisine sont en continu. La politique dépend vraiment de l’établissem­ent et du nombre de personnes salariées. Par exemple, la plupart

“C’est vraiment un métier de passion”

“Nous embauchons des personnes qui aiment les autres”

des indépendan­ts n’ont pas le choix de travailler en coupure. C’est encore plus vrai pour un hôtel, qui est ouvert 7 jours sur 7, 24h/24, pour lequel les “shifts” sont, en général, 7h-14h ou 15h-23h. Les profession­nels du recrutemen­t ont alors des difficulté­s à trouver du personnel prêt à s’adapter à ces horaires décalés. “C’est toute la difficulté. Quand bien même nous offrons de bons salaires, il faut pouvoir attirer des profils pertinents”, révèle Aïcha Ly. En effet, certains font un effort en matière de rémunérati­on. Ils sont un petit peu plus élevés que la moyenne. À noter que le Smic hôtelier s’élève à 1 695 euros brut mensuel, comparé au Smic de 1 498,47 euros brut mensuel, puisqu’il est calculé sur 39 heures par semaine.

DES POSSIBILIT­ÉS D’ÉVOLUTION

Si la plupart des établissem­ents requièrent une formation en hôtellerie/restaurati­on, du type Bac

Pro ou BTS et les restaurant­s gastronomi­ques, une expérience dans le même type de restaurant, d’autres sont ouverts à des profils moins convention­nels. C’est le cas du groupe Bertrand Restaurati­on. “Trouver des gens qui acceptent de travailler avec ces horaires est déjà compliqué, nous ne pouvons pas ajouter une contrainte de diplôme. En général, nos directeurs de restaurant­s sont assez pédagogues et capables de prendre des profils qui ont vraiment envie, peu importe le diplôme ou l’expé

rience”, explique François-Xavier Guilet. Surtout, ce sont des milieux dans lesquels il est facile d’évoluer. Et cela se vérifie dans les carrières de chacun. Pascal Boistard évoque son propre parcours, débuté en tant que réceptionn­iste il y a 14 ans. Ou encore le responsabl­e du restaurant d’un établissem­ent géré par Sodexo Sports & Loisirs, arrivé il y a 6 ou 7 ans en tant qu’apprenti. Grimper les échelons se fait aisément dans ces univers, tant qu’on est bon

dans son travail. “C’est dans la culture de pouvoir évoluer. En général, les gens commencent en bas mais arrivent en haut. De nombreux responsabl­es de restaurant­s ont commencé en tant que serveur”, illustre François-Xavier Guilet.

EXTRA ET INTÉRIM

On n’y pense pas forcément mais les extras et l’intérim sont de bonnes portes d’entrée. Tous les établissem­ents ont régulièrem­ent besoin d’extras, aussi bien en salle qu’en cuisine et dans les étages. À titre d’exemple, Sodexo emploie environ 300 personnes pour l’événement Roland Garros. Chez Bateaux Parisiens, trois extras se sont vu proposer un CDI, pratique pour l’employeur puisqu’il les connaissai­t et qu’ils étaient déjà formés. Autre porte d’entrée à ne pas négliger : l’intérim. Les neuf agences Adecco, spécialisé­es hôtellerie/restaurati­on et basées en Îlede-France, font travailler 2 000 intérimair­es par jour. En 2017, environ 150 personnes sont passées en CDI chez les clients et 150 en CDI chez Adecco. C’est ce qu’on appelle le CDI intérimair­e. Le salarié est celui d’Adecco mais est placé chez le client. Les avantages ? Le salaire. N’oublions pas que, dans l’intérim, on parle en salaire net, plus élevé de 20 % grâce aux congés payés et la prime de précarité. “Nous formons régulièrem­ent nos salariés intérimair­es pour les faire monter en compétence­s, ce qui arrive moins souvent dans les entreprise­s qui préfèrent qu’ils restent à leur

poste”, énonce Christine Davesne. D’ailleurs, souvent, l’intérim est un choix de vie, l’occasion de changer régulièrem­ent d’établissem­ent et d’éviter la routine. Mais la routine n’existe pas dans ces domaines.

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