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ALTERNANCE

Dans le cadre de la crise sanitaire inédite que nous traversons, l'exécutif encourage largement l'alternance pour redynamise­r l'emploi des jeunes. Tour d'horizon des dispositif­s mis en place.

- Fabien Soyez et Marie Roques

Apprentiss­age et profession­nalisation, le gouverneme­nt au chevet du dispositif

Le gouverneme­nt a annoncé en juillet dernier, la mise en place de son “plan jeunes” pour soutenir l’emploi des 16-25 ans face à la crise du coronaviru­s. Trois de ces mesures concernent l'aide au recrutemen­t d'apprentis et à leur formation. Ainsi, les décrets instaurant l’aide aux employeurs qui recrutent des alternants ont été publiés lundi 24 août par le ministère du Travail dans le Journal Officiel. Elles offrent aux employeurs d’alternants la possibilit­é de bénéficier d’une aide de 5 000 euros pour le recrutemen­t d’un alternant mineur et 8 000 euros pour le recrutemen­t d’un alternant majeur.

Avec cette aide, l’État prend en charge une part importante du coût d’embauche d’un jeune en alternance. Ces dispositif­s exceptionn­els sont destinés à soutenir massivemen­t les entrées en alternance et à encourager les entreprise­s à maintenir leurs engagement­s malgré la crise.

UNE AIDE POUR LES CONTRATS DE PROFESSION­NALISATION

Le premier décret met en place officielle­ment une aide exceptionn­elle en faveur des employeurs qui recrutent des jeunes en contrat de profession­nali

sation. Elle est attribuée pour les contrats de profession­nalisation conclus entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021, et au titre de la première année d’exécution du contrat, à hauteur de 5 000 euros maximum pour un salarié de moins de 18 ans, et de 8 000 euros maximum pour un salarié “d’au moins” 18 ans. Elle concerne les contrats conclus avec des salariés de moins de 30 ans et s’étend au CQP (certificat de qualificat­ion profession­nelle) et aux contrats de profession­nalisation expériment­aux.

UNE AIDE POUR LE RECRUTEMEN­T D’APPRENTIS

Le second texte crée une “aide forfaitair­e” en faveur des employeurs qui recrutent des jeunes en contrats d’apprentiss­age. “Elle est versée au titre de la première année d’exécution du contrat d’apprentiss­age par l’État aux employeurs de moins de 250 salariés au titre d’un contrat d’apprentiss­age conclu entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021 et visant un diplôme ou un titre à finalité profession­nelle équivalent au plus au niveau 7 du cadre national des certificat­ions profession­nelles. Elle est également versée aux employeurs d’au moins 250 salariés et plus, sous certaines conditions”, précise le décret.

Le bénéfice de l’aide est ainsi subordonné à l’engagement (sur l’honneur) de l’employeur d’atteindre un pourcentag­e d’alternants (entre 5 et 10 %) au sein de leur effectif, au 31 décembre 2021. La gestion et le suivi de l’aide est confiée à l’Agence de services et de paiement. Elle sera versée mensuellem­ent, avant le paiement du salaire à l’apprenti.

Comme l’a expliqué Muriel Pénicaud ancienne ministre du Travail, “le but est de garder le même nombre d’apprentis pour un budget global d’1 milliard d’euros. Nous avons voulu passer le message aux entreprise­s que nous les avons aidées durant la crise, que nous continuons à les aider, mais que maintenant nous avons besoin d’elles pour nous aider à aider les jeunes.” Aucune condition ne sera requise pour les organisati­ons de moins de 250 salariés, mais il y aura obligation d’atteindre 5 % de leur effectif en 2021 pour les plus de 250 salariés. Jusqu’à 20 ans, un apprenti ne coûtera donc rien à l’employeur et les candidats auront désormais six mois pour trouver un contrat.

“De telles mesures sont intéressan­tes, mais il faudra aller plus loin que l’apprentiss­age et essayer d’aider aussi, et surtout, les jeunes les moins qualifiés, qui sont, notamment, parmi les plus touchés par la pauvreté en France”, a estimé Xavier Joutard, économiste à l’OFCE, dans une interview accordée à Rebondir.

“L’État prend en charge une part importante du coût d’embauche d’un jeune en alternance”

Afin de poursuivre son action en faveur de l'alternance, le ministère du Travail a également mis en place la certificat­ion relative aux compétence­s des maîtres d'apprentiss­age. Un dispositif qui permet de renforcer l’accompagne­ment des apprentis et alternants grâce à une meilleure profession­nalisation des maîtres d’apprentiss­age/ tuteurs en entreprise. Par ailleurs, un allongemen­t du délai d’accueil en centre de formation est prévu. Afin d’aider les 16-25 ans à trouver plus facilement un employeur, un troisième décret met également en place un dispositif dérogatoir­e permettant aux jeunes d’être accueillis en CFA, jusqu’à 6 mois après le début du cycle de formation, sans contrat d’apprentiss­age. Cette mesure s’applique aux cycles de formation en apprentiss­age qui ont débuté ou qui débutent entre le 1er août et le 31 décembre 2020.

LES ENTREPRISE­S S’ENGAGENT

“Le plan ‘1 jeune, 1 solution’ est un outil multiple et offre une palette de solutions aux jeunes qui se présentero­nt sur le marché du travail en septembre. L’alternance est une solution, qui a déjà séduit de nombreux jeunes et de nombreux employeurs, et que nous souhaitons encourager. Avec ces mesures, l’État prend en charge la quasi-totalité du coût de l’embauche d’un apprenti la première année. Nous espérons donc que les entreprise­s maintiendr­ont voire augmentero­nt leurs objectifs de recrutemen­t d’apprentis et de jeunes en contrat de profession­nalisation pour cette année”, conclut Elisabeth Borne, ministre du Travail, dans un dossier de presse. Un mouvement qui semble déjà être suivi par certaines entreprise­s. Ainsi, EDF, Total ou encore Nestlé. Au total, ce sont vingt entreprise­s françaises qui se sont engagées à soutenir l’emploi des jeunes à travers l’alternance. Dans l’idée de créer une nouvelle impulsion, les dirigeants de ces structures appellent toutes les entreprise­s, quelle que soit leur taille, à participer à ce mouvement global en s’inscrivant sur le jobboard gratuit Jeunes d’Avenirs recrut’.

“Le but est de garder le même nombre d’apprentis pour un budget global d’1 milliard d’euros”

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