ALTERNANCE
Dans le cadre de la crise sanitaire inédite que nous traversons, l'exécutif encourage largement l'alternance pour redynamiser l'emploi des jeunes. Tour d'horizon des dispositifs mis en place.
Apprentissage et professionnalisation, le gouvernement au chevet du dispositif
Le gouvernement a annoncé en juillet dernier, la mise en place de son “plan jeunes” pour soutenir l’emploi des 16-25 ans face à la crise du coronavirus. Trois de ces mesures concernent l'aide au recrutement d'apprentis et à leur formation. Ainsi, les décrets instaurant l’aide aux employeurs qui recrutent des alternants ont été publiés lundi 24 août par le ministère du Travail dans le Journal Officiel. Elles offrent aux employeurs d’alternants la possibilité de bénéficier d’une aide de 5 000 euros pour le recrutement d’un alternant mineur et 8 000 euros pour le recrutement d’un alternant majeur.
Avec cette aide, l’État prend en charge une part importante du coût d’embauche d’un jeune en alternance. Ces dispositifs exceptionnels sont destinés à soutenir massivement les entrées en alternance et à encourager les entreprises à maintenir leurs engagements malgré la crise.
UNE AIDE POUR LES CONTRATS DE PROFESSIONNALISATION
Le premier décret met en place officiellement une aide exceptionnelle en faveur des employeurs qui recrutent des jeunes en contrat de professionnali
sation. Elle est attribuée pour les contrats de professionnalisation conclus entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021, et au titre de la première année d’exécution du contrat, à hauteur de 5 000 euros maximum pour un salarié de moins de 18 ans, et de 8 000 euros maximum pour un salarié “d’au moins” 18 ans. Elle concerne les contrats conclus avec des salariés de moins de 30 ans et s’étend au CQP (certificat de qualification professionnelle) et aux contrats de professionnalisation expérimentaux.
UNE AIDE POUR LE RECRUTEMENT D’APPRENTIS
Le second texte crée une “aide forfaitaire” en faveur des employeurs qui recrutent des jeunes en contrats d’apprentissage. “Elle est versée au titre de la première année d’exécution du contrat d’apprentissage par l’État aux employeurs de moins de 250 salariés au titre d’un contrat d’apprentissage conclu entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021 et visant un diplôme ou un titre à finalité professionnelle équivalent au plus au niveau 7 du cadre national des certifications professionnelles. Elle est également versée aux employeurs d’au moins 250 salariés et plus, sous certaines conditions”, précise le décret.
Le bénéfice de l’aide est ainsi subordonné à l’engagement (sur l’honneur) de l’employeur d’atteindre un pourcentage d’alternants (entre 5 et 10 %) au sein de leur effectif, au 31 décembre 2021. La gestion et le suivi de l’aide est confiée à l’Agence de services et de paiement. Elle sera versée mensuellement, avant le paiement du salaire à l’apprenti.
Comme l’a expliqué Muriel Pénicaud ancienne ministre du Travail, “le but est de garder le même nombre d’apprentis pour un budget global d’1 milliard d’euros. Nous avons voulu passer le message aux entreprises que nous les avons aidées durant la crise, que nous continuons à les aider, mais que maintenant nous avons besoin d’elles pour nous aider à aider les jeunes.” Aucune condition ne sera requise pour les organisations de moins de 250 salariés, mais il y aura obligation d’atteindre 5 % de leur effectif en 2021 pour les plus de 250 salariés. Jusqu’à 20 ans, un apprenti ne coûtera donc rien à l’employeur et les candidats auront désormais six mois pour trouver un contrat.
“De telles mesures sont intéressantes, mais il faudra aller plus loin que l’apprentissage et essayer d’aider aussi, et surtout, les jeunes les moins qualifiés, qui sont, notamment, parmi les plus touchés par la pauvreté en France”, a estimé Xavier Joutard, économiste à l’OFCE, dans une interview accordée à Rebondir.
“L’État prend en charge une part importante du coût d’embauche d’un jeune en alternance”
Afin de poursuivre son action en faveur de l'alternance, le ministère du Travail a également mis en place la certification relative aux compétences des maîtres d'apprentissage. Un dispositif qui permet de renforcer l’accompagnement des apprentis et alternants grâce à une meilleure professionnalisation des maîtres d’apprentissage/ tuteurs en entreprise. Par ailleurs, un allongement du délai d’accueil en centre de formation est prévu. Afin d’aider les 16-25 ans à trouver plus facilement un employeur, un troisième décret met également en place un dispositif dérogatoire permettant aux jeunes d’être accueillis en CFA, jusqu’à 6 mois après le début du cycle de formation, sans contrat d’apprentissage. Cette mesure s’applique aux cycles de formation en apprentissage qui ont débuté ou qui débutent entre le 1er août et le 31 décembre 2020.
LES ENTREPRISES S’ENGAGENT
“Le plan ‘1 jeune, 1 solution’ est un outil multiple et offre une palette de solutions aux jeunes qui se présenteront sur le marché du travail en septembre. L’alternance est une solution, qui a déjà séduit de nombreux jeunes et de nombreux employeurs, et que nous souhaitons encourager. Avec ces mesures, l’État prend en charge la quasi-totalité du coût de l’embauche d’un apprenti la première année. Nous espérons donc que les entreprises maintiendront voire augmenteront leurs objectifs de recrutement d’apprentis et de jeunes en contrat de professionnalisation pour cette année”, conclut Elisabeth Borne, ministre du Travail, dans un dossier de presse. Un mouvement qui semble déjà être suivi par certaines entreprises. Ainsi, EDF, Total ou encore Nestlé. Au total, ce sont vingt entreprises françaises qui se sont engagées à soutenir l’emploi des jeunes à travers l’alternance. Dans l’idée de créer une nouvelle impulsion, les dirigeants de ces structures appellent toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, à participer à ce mouvement global en s’inscrivant sur le jobboard gratuit Jeunes d’Avenirs recrut’.
“Le but est de garder le même nombre d’apprentis pour un budget global d’1 milliard d’euros”