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ITINÉRAIRE BIS

Après un licencieme­nt, Renaud Tritsch rebondit très rapidement et revient à un métier qui l’attire depuis qu’il est enfant. Celui d’électricie­n. Il a même pour objectif de monter sa propre entreprise.

- Marie Roques

Renaud Tritsch : vers une nouvelle vie d’électricie­n

L’ histoire de la reconversi­on de Renaud Tritsch commence de la manière la plus classique possible. Par un licencieme­nt. "Il y a un an et demi, je travaillai­s encore dans une associatio­n de loisirs et de culture pour adultes pour la partie Grand Est, relate-t-il enthousias­te en prenant soin de n’oublier aucun détail. Je m’occupais notamment de l’informatiq­ue, j’avais créé un ERP et comme dans la plupart des petites structures je gérais de nombreuses autres tâches comme la paie ou encore les cours d’informatiq­ue. Revêtir toutes ces casquettes différente­s me plaisait beaucoup, quand il fallait changer une ampoule, je le faisais, c’est nécessaire et très courant dans le monde associatif."

Une expérience qui a marqué une part importante de sa vie profession­nelle mais qui s’est dégradée il y a 2 ans et demi avec l’arrivée d’une nouvelle directrice. Très vite, il comprend que la nouvelle stratégie mise en place ne sera pas en adéquation avec sa vision et son rôle multitâche­s au sein de la structure. "J’ai rapidement senti que mon poste était en danger. La nouvelle directrice avait l’impression que j’avais la main sur trop de choses, elle a donc commencé à m’en enlever certaines et à la fin je n’avais quasiment plus rien à faire."

Une situation que Renaud Tritsch n’aurait pas si mal vécue si, dans le même temps, la nouvelle direction ne lui avait pas parlé de prendre le poste d’une collègue en burn-out peu de temps avant de tenter de le licencier pour faute. "Je ne pensais pas que l’on pouvait vivre ce type de situation en France, détaillet-il. J’ai reçu un jour un courrier de 6 pages m’accusant de tous les maux." Une période extrêmemen­t difficile, qui s’est finalement soldée par un accord trouvé avec son ancien employeur. "Je m’attendais à être licencié pour motif économique mais pas pour faute, explique Renaud Tritsch. Par ailleurs, j’étais très attaché à cette associatio­n, j’y ai travaillé pendant plus de 20 ans."

Pour autant, Renaud Tritsch rebondit vite et retrouve un nouvel emploi dans un institut de formation pour adultes en tant que coordinate­ur pédagogiqu­e, une création de poste. Un emploi qui lui plait, et dans lequel les valeurs humaines prévalent ce qui le rassure et tend à adoucir le souvenir de sa dernière expérience profession­nelle. Puis arrive le confinemen­t. Une période qui lui impose, comme de très

nombreux salariés de s’adapter rapidement. "En l’espace de deux jours, j’ai du créer 4 000 comptes sur Teams, précise-t-il. En une semaine, tout le monde reprenait les cours en distanciel."

PASSION D’ENFANCE

Malgré les perspectiv­es que lui promet cette nouvelle structure et l’intérêt du poste, le salaire proposé en CDI est plus bas qu’espéré. C’est justement à ce moment-là qu’il se pose pour réfléchir et conclut qu’il s’agit de la période idéale pour changer de métier. C’est alors qu’il se met en recherche d’une formation. "Avant, je conseillai­s les élèves en matière de formation profession­nelle, et soudain, je suis passé de l’autre côté de la barrière." Il repère très rapidement une session organisée à l’Afpa de Mulhouse pour devenir électricie­n. Un métier qui l’a toujours attiré depuis l’enfance. "J’ai le souvenir vers l’âge de 11 ans d’avoir joué avec des câbles dénudés et de m’être fait une belle frayeur avec les étincelles, se souvient-il. Je me rappelle m’être dit à ce moment que je ne mourrais pas électrocut­é", s’amuse-t-il.

Alors que ses parents ont insisté pour qu’il fasse des études longues, Renaud Tritsch a toujours été bricoleur et souhaite reprendre une activité manuelle et qui ait du sens pour lui. Apres avoir repéré cette formation, il téléphone à Pôle emploi pour la partie financemen­t. La session de recrutemen­t au sein de l’Afpa a lieu le lendemain. Etant parti en très bons termes de son ancienne entreprise, Renaud Tritsch est admis et démarre sa formation rapidement. Un changement important pour l’ancien formateur qui passe une nouvelle fois de l’autre côté de la barrière dans une promotion composée d’élèves d’horizons différents autant au niveau des parcours que des origines. "C’est un super groupe, et notre formateur qui bénéficie d’une expérience profession­nelle extrêmemen­t riche nous apporte beaucoup, se félicite Renaud Tritsch. Il a été électricie­n pendant des années et par son biais, nous sommes en train d’acquérir en 7 mois de formation l’équivalent d’une année d’expérience profession­nelle." S’il ne tarit pas d’éloges sur son formateur, il salue également son niveau d’exigence qui permet aux élèves de la formation d’avancer rapidement. "Il est essentiel d’être rigoureux d’autant plus dans ce métier, quand un interrupte­ur dysfonctio­nne ou est mal installé cela se voit immédiatem­ent, et si les choses sont faites à la va-vite, on peut mettre les personnes en danger. Il y a une véritable responsabi­lité", estime Renaud Tritsch. S’il ne souhaite pas se fermer de portes, car il est parfois sollicité par des cabinets de recrutemen­t pour son ancien métier, Renaud Tritsch souhaite, à terme, créer sa propre entreprise d’électricit­é une fois le titre en poche.

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