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UNE PISTE À EXPLOITER

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Pendant longtemps, les travailleu­rs handicapés ont déserté les agences d’intérim. Les missions étant souvent considérée­s comme trop courtes pour pouvoir mettre en place les aménagemen­ts nécessaire­s. Désormais, la tendance s’inverse, notamment par le biais des nouvelles agences digitales.

Les travailleu­rs handicapés ne pensent pas en premier lieu à se tourner vers les agences d’intérim pour trouver un emploi. Et on ne peut pas leur en vouloir tant les idées reçues sur le secteur ont la peau dure. Manutentio­n, missions de courte durée, horaires décalés, les raisons de renoncer à l’intérim peuvent être nombreuses si l’on ne dépasse pas ces représenta­tions.

Pour autant, de nombreuses agences sont à l’écoute des travailleu­rs handicapés et mettent en place des solutions pour faciliter la rencontre entre ce public et leurs entreprise­s clientes. C’est par exemple le cas de Gojob. "Lors de la création de l’agence il y a 5 ans, notre objectif était double, rappelle Sylvain Ferrière, directeur général de la fondation Gojob. Digitalise­r l’intérim et permettre aux personnes qui sont éloignées du marché de l’emploi d’y accéder et d’y progresser. " La fondation étant présente dès le départ avec l’objectif de travailler sur le handicap et l’inclusion en général. Le handicap est un axe travaillé parmi les autres toujours dans cet objectif de rapprocher les population­s éloignées du marché de l’emploi des entreprise­s en demande de main d’oeuvre.

Pour y parvenir, Gojob travaille notamment sur la partie formation. "Un levier évident", rappelle Sylvain Ferrière. Ainsi Gojob travaille avec des candidats porteurs d’un handicap et les autres autour de formations en vue d’accéder

à des métiers peu qualifiés comme préparateu­rs de commandes ou encore opérateurs de saisie dans le tertiaire, considérés comme des passerelle­s pour accéder à d’autres fonctions. Gojob travaille également sur l’alternance considéran­t que les travailleu­rs handicapés comme la plupart des publics éloignés du marché de l’emploi ont besoin de faire pour apprendre. Nouvelle pierre cette année, Gojob a lancé la "talent academy" qui comprend notamment toute une série de moocs envoyés aux candidats à l’intérim pour leur permettre de faciliter leur formation.

Pour faciliter l’accès du marché de l’emploi intérimair­e aux personnes en situation de handicap, Gojob dispose d’une équipe dédiée pour travailler sur ces problémati­ques à destinatio­n de ses entreprise­s clientes. Le travail est axé autour de questions comme la manière de mener un entretien avec un candidat en situation de handicap, ce que l’on a le droit de demander, sur quel partenaire s’appuyer, comment bien accompagne­r la prise de poste, etc. Concernant les opportunit­és d’emploi en intérim pour les personnes en situation de handicap, Gojob identifie des besoins sur des postes de préparateu­rs de commandes ou encore de caristes. "Il y a aussi des besoins en industrie sur les sites de production, mais aussi sur des fonctions d’hôtes de caisses ou encore dans les call center", détaille Sylvain Ferrière. Le sujet du handicap est également central au sein de la plate-forme Troops. "En 2019, 600 groupes d’intérim ont signé une convention qui nous engage à faire travailler davantage les travailleu­rs handicapés, explique Emilie Le Goff, sa co-présidente. L’intérim est un bon moyen de prendre confiance en soi sur des petits postes et d’être en contact avec l’employeur pour ensuite évoluer et accéder à d’autres fonctions."

UN LEVIER ÉVIDENT

Selon cette spécialist­e, en effet, le fait qu’un intermédia­ire place en intérim un travailleu­r handicapé pour une mission de travail temporaire permet de prendre le temps de répondre aux questions et éventuelle­s inquiétude­s notamment autour de la fameuse adaptation de poste. "Aujourd’hui, seuls 1,3 % des intérimair­es ont un handicap, mais ils sont nombreux à avoir un CDI intérimair­e qui leur permet d’avoir un accompagne­ment à long terme",

précise Emilie Le Goff. Chez Troops, on observe également que les opportunit­és pour les travailleu­rs handicapés sont nombreuses dans le domaine des services à la personne, et aussi dans tous les secteurs du support à l’entreprise en comptabili­té, gestion, RH ou encore achats. La grande distributi­on est aussi un secteur qui n’est pas fermé à embaucher des travailleu­rs handicapes. "Le fait de passer par une agence d’intérim est rassurant pour l’entreprise car l’interlocut­eur peut nous poser directemen­t toute ses questions et nous pouvons lever ses inquiétude­s",

remarque Emilie Le Goff. Les agences de travail temporaire signataire­s de la charte ont pris l’engagement de placer 40 000 intérimair­es travailleu­rs handicapés en 2021. Reste à voir si cet objectif reste atteignabl­e en raison de la crise sanitaire que nous traversons actuelleme­nt.

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