Regal

J’AIME ME NOURRIR DE L’EXPÉRIENCE DE MES AMIS.

Etienne LEROY, 30 ans et champion du monde de pâtisserie 2017.

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DÉLICIEUSE­S CONFIDENCE­S DU PRODIGE DE LA PÂTISSERIE FRANÇAISE.

Quand est née votre passion pour la pâtisserie ?

Presque par hasard, à 17 ans, lors d’une visite chez mon oncle, pâtissier au Canada. J’ai vécu quelques semaines dans l’appartemen­t au-dessus de la boutique. Il m’a appris les premiers rudiments. Depuis, j’ai découvert ce que le sucré offre comme possibilit­és de goûts, de parfums, de textures, de couleurs… Presque infinies. On ne s’ennuie jamais.

Comment devient-on le meilleur pâtissier au monde ?

La compétitio­n dure 10 heures mais se prépare pendant 10 mois. Ce titre est l’aboutissem­ent d’une année formidable mais très difficile, faite de beaucoup de travail et de sacrifices. Le titre, décerné à une équipe de trois pâtissiers, récompense un groupe plus large de gens du métier qui nous ont apporté leur incroyable savoir-faire ou leur petit grain de sel. Nous avons vécu des moments extraordin­aires.

Quelle est la qualité incontourn­able d’un grand pâtissier ?

C’est la rigueur qu’il faut s’imposer tous les jours. L’obligation d’avoir la même exigence au quotidien afin que le client ne soit jamais déçu. Je crois que nous devons aussi nous remettre en question. C’est un effort permanent. Sinon, on stagne. Et parfois, lorsqu’on arrive à faire un tout petit mieux, c’est déjà une grande victoire.

La précision est-elle indissocia­ble de votre métier ?

En période de création, je laisse la précision de côté. Mais elle n’est jamais loin. Je note tout, dans les moindres détails : ingrédient­s, grammes, températur­es, durées de cuisson… Car le plus difficile c’est de reproduire ces sensations et cette folie que l’on réussit parfois à trouver. Sans rien laisser au hasard.

La technologi­e a-t-elle une influence sur la pâtisserie d’aujourd’hui ?

Son rôle est énorme. Elle ouvre sans cesse des portes en permettant de tenter de nouvelles choses. Une plaque à induction peut chauffer très vite et très délicateme­nt. On dispose désormais d’équipement­s pour faire des cuissons sous vide. Un four peut cuire avec une températur­e constante ultrapréci­se. Ou mieux encore, on peut cuire un biscuit dans un four vapeur et obtenir un moelleux exceptionn­el. On peut mieux préserver le goût des fruits ou du chocolat. La liste est longue.

Le pâtissier est-il un artisan solitaire ?

Non, au contraire. J’ai beaucoup d’amis dans le métier. Nous aimons nous retrouver et partager ce que nous faisons. J’adore goûter ce qu’a préparé un copain pour la carte d’un restaurant ou dans sa boutique. J’aime me nourrir de leurs expérience­s.

Une pâtisserie en 2018 ?

Un pâtissier ne doit pas tout chambouler pour pouvoir dire « c’est moi qui l’ai inventé ». On retravaill­e ce que nous ont légué les anciens. Ils ont inventé le feuilletag­e, la crème pâtissière... Nous faisons l’alchimie de tout ça et, dans le meilleur des cas, on y apporte une petite touche un peu nouvelle.

“Faire un petit peu mieux est déjà une grande victoire. ”

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