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QUAND LE VOL JUSTIFIE UN LICENCIEME­NT POUR FAUTE GRAVE

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Le vol commis par un salarié constitue une faute, mais pas toujours une faute grave. Cela dépend des circonstan­ces. À vous de bien apprécier.

Le salarié qui vole des biens de l’entreprise commet une faute dont la gravité est appréciée selon plusieurs facteurs : ancienneté, modicité du vol, caractère isolé de l’incident, etc. C’est à vous, en tant qu’employeur, qu’il appartient de quali er la faute du salarié. Si c’est une faute « simple », elle justi era un rappel à l’ordre voire une sanction « légère ». En revanche, une faute grave justi era une sanction pouvant aller jusqu’au licencieme­nt. Pour rappel, on parle de faute grave lorsque celle-ci empêche le maintien du salarié dans l’entreprise. D’où l’importance de bien caractéris­er, dès le départ, le degré de gravité de la faute. Deux a aires récentes permettent de faire le point sur les types de vol que les juges reconnaiss­ent, ou pas, comme faute grave.

VOLER DEUX PNEUS USÉS

Un salarié avait été licencié pour faute grave après avoir volé 2 pneus usagés appartenan­t à la concession automobile où il travaillai­t. Son contrat de travail et le règlement intérieur interdisai­ent « de sortir tout équipement, outillage ou matériel », sauf autorisati­on « expresse et préalable ».

Pourtant, son licencieme­nt a été invalidé, car le salarié, qui avait une grande ancienneté, avait agi sans dissimulat­ion et les pneus pris étaient usagés et sans valeur nancière. Les juges ont ici pris en compte l’ancienneté du salarié et la valeur du bien dérobé, mais aussi ses antécédent­s disciplina­ires et les pratiques admises par l’entreprise (cass. soc. 24 janvier 2018, n° 16-21340).

DÉTOURNER DES CADEAUX CLIENTS

IUn salarié engagé comme « chargé de clientèle » depuis deux ans dans une banque avait été licencié pour faute grave. Il lui était reproché d’avoir pris et conservé des enveloppes contenant des tickets cadeaux destinés à la clientèle sans avoir spontanéme­nt révélé cette appropriat­ion à sa hiérarchie lorsque celleci avait interpellé le personnel pour la première fois sur cette question. Le salarié avait expliqué « qu’après avoir nettoyé la salle et récupéré les enveloppes qui traînaient sur une table, il les avait placées, dès le lendemain, dans le tiroir à chéquiers de l’agence » Il avait également reconnu ne pas avoir spontanéme­nt révélé cette situation, notamment car il n’avait pas compris que le directeur d’agence recherchai­t ces enveloppes.

Mais pour les juges, l’employeur étant en droit d’attendre de la part des salariés amenés à manipuler de l’argent une probité exemplaire, il y avait bien là un comporteme­nt qui rendait impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. La faute grave était constituée (cass. soc. 28 mars 2018, n° 16-12963).

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