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DIRIGEANT DE FAIT : GARE AUX CONSÉQUENC­ES FISCALES

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Un associé considéré comme dirigeant de fait court le risque d’être poursuivi en paiement des dettes fiscales de sa société.

Seuls les dirigeants de droit désignés par les statuts peuvent en principe diriger une société. Si volontaire­ment ou non, un associé exerce sans autorisati­on les pouvoirs du dirigeant de droit, il peut être quali é de dirigeant de fait. Une situation périlleuse en raison des risques scaux qui peuvent en découler.

RESPONSABI­LITÉ FISCALE

Si une personne s’immisce dans la gestion, l’administra­tion ou la direction d’une société en dehors d’un mandat social, elle est alors soumise aux mêmes contrainte­s qu’un dirigeant de droit. Elle est notamment susceptibl­e de voir sa responsabi­lité scale engagée. En e et, la responsabi­lité scale d’un dirigeant de droit ou de fait peut être mise en oeuvre lorsque le sc a épuisé tous les moyens de poursuite dont il dispose pour obtenir le paiement des impôts dus par la société. La mise en oeuvre de cette procédure exceptionn­elle nécessite l’existence de manoeuvres frauduleus­es ou l’inobservat­ion grave et répétée d’obligation­s scales qui aboutissen­t à rendre impossible le recouvreme­nt des imposition­s et pénalités dues par la société. Le dirigeant de fait peut alors être condamné solidairem­ent au paiement des sommes dues au sc par la société.

UNE HISTOIRE VRAIE

Deux conjoints créent une société dont l’objet est de promouvoir et vendre des oeuvres d’art dont celles de Madame, comme prévu par une convention de commercial­isation avec la société. À l’issue d’un contrôle scal, des redresseme­nts D’IS et de TVA Sont noti és à la société. Faute de pouvoir recouvrer les imposition­s et pénalités de plus de 2 M€ dues par la société liquidée à l’amiable,

Ile sc poursuit les époux en tant que dirigeants de fait a n qu’ils soient déclarés solidairem­ent responsabl­es avec la société du paiement de ces sommes. Le sc obtient gain de cause.

DE VÉRITABLES DIRIGEANTS DE FAIT. En pratique, les époux ont accompli des actes positifs de gestion sociale interne et externe de manière indépendan­te.

D’une part, ils détenaient toutes les prérogativ­es sur les comptes bancaires, le gérant de droit devait même prendre ses instructio­ns auprès d’eux pour toute opération sur ces comptes. D’autre part, des échanges de courriers ou de mails ainsi que des factures attestaien­t qu’ils pouvaient, en toute liberté, engager la société envers les tiers. En n, de nombreuses factures avaient été adressées à leur adresse personnell­e.

DETTE IRRÉCOUVRA­BLE AUPRÈS DE LA SOCIÉTÉ. En pratique, non seulement l’absence de dépôt de déclaratio­ns scales durant plusieurs années avait rendu impossible le recouvreme­nt d’une dette scale importante au titre de l’activité de la société. Mais encore ce recouvreme­nt n’avait pu être obtenu auprès de la société car elle avait été liquidée à l’amiable.

Sources. Cass. com. 10 avril 2019, n° 17-19844

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