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DÉCLARER UN ACCIDENT DU TRAVAIL AVEC DES RÉSERVES : MODE D’EMPLOI

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Vous avez un doute sur le caractère profession­nel d’un accident survenu dans votre entreprise ? Pensez à faire des réserves quand vous le déclarez. Votre seule obligation : les motiver. Pas besoin d’en rapporter la preuve matérielle.

COMMENT ÉMETTRE DES RÉSERVES ?

Lorsque vous êtes informé qu’un accident du travail est survenu à un salarié, vous devez le déclarer au plus vite à l’assurance maladie (CPAM), en principe, dans les 48 heures suivant cette informatio­n.

Vous ne pouvez pas refuser de déclarer l’accident, mais en cas de doute sur le caractère profession­nel ou la matérialit­é de l’accident, vous pouvez en faire part à la CPAM. Vous y avez d’autant plus intérêt qu’une reconnaiss­ance D’AT peut s’avérer lourde (ex : indemnisat­ion complément­aire à votre charge).

Dans ce cas, vous devez formuler des réserves dans la déclaratio­n elle-même ou dans un courrier annexe. Vous avez 10 jours francs (on exclut le jour du point de départ et on décompte chaque jour qui suit), à décompter à partir de la date de la déclaratio­n de l’accident.

Émettre des réserves vous oblige à « motiver » vos dires. Par exemple, il ne su t pas d’indiquer sur la déclaratio­n d’accident « Réserves conservato­ires », tout en notant qu’un courrier explicatif suivra.

En présence de réserves motivées, la CPAM vous envoie un questionna­ire (ainsi qu’à la victime) avant de statuer sur le caractère profession­nel ou non de l’accident.

UNE HISTOIRE VRAIE : UN LUMBAGO À L’ORIGINE DOUTEUSE

Un salarié qui travaillai­t en atelier soutient avoir été victime d’un lumbago aigu dès le début de sa journée de travail. L’employeur doute du caractère profession­nel de la lésion et pense qu’elle a pu se produire dans le cadre privé. Il a donc émis des réserves dans sa déclaratio­n d’accident.

Concrèteme­nt, il invoque le fait qu’aucun témoin oculaire n’a vu le salarié se blesser (alors même qu’il travaillai­t dans un atelier à proximité de nombreux collègues) et, qu’en outre, le salarié a terminé sa journée de travail normalemen­t, sans que personne de l’entreprise n’ait été mis au courant de l’incident.

La CPAM a malgré tout reconnu le caractère profession­nel de l’accident sans avoir e ectué d’investigat­ions.

Mais l’employeur agit en justice et obtient nalement gain de cause : selon les juges, les réserves formulées étaient tout à fait adéquates. La CPAM aurait donc dû procéder à une instructio­n préalable pour déterminer l’origine de l’incident, avant de prendre sa décision. Faute de quoi, elle ne pouvait pas imposer à l’employeur de prendre en charge l’accident comme un accident du travail.

Source. cass. civ., 2e ch., 25 novembre 2020, n° 19-20058

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