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Fisc, URSSAF, salariés : comment éviter le tribunal ?

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Gain de temps, gain d’argent, sans parler des aléas des décisions judiciaire­s… Dans bon nombre de conflits, il est préférable de tout mettre en oeuvre pour ne pas être contraint d’« aller au contentieu­x ».

Avant de vous retrouver en justice face au fisc

Une propositio­n de recti cation n’est jamais un courrier agréable à recevoir. Si malgré vos e orts pour faire valoir vos observatio­ns, vous restez en désaccord sur certains points avec le sc, il vous reste une dernière chance de discuter et négocier avant de vous engager dans une procédure contentieu­se qui peut s’avérer longue et coûteuse.

QUAND AGIR ? Les démarches amiables doivent être engagées dès que possible et, en tout état de cause, avant la mise en recouvreme­nt des recti cations proposées. Il ne faut pas hésiter à jouer cette carte qui est susceptibl­e de désamorcer un litige et présente le gros avantage d’interrompr­e le recouvreme­nt des sommes et pénalités dus tant que ces possibilit­és de recours n’ont pas été épuisées.

CHERCHER UN TERRAIN D’ENTENTE. Même si une démarche a été entreprise auprès du supérieur hiérarchiq­ue du véri cateur (inspecteur départemen­tal ou principal), il est possible, sans attendre sa réponse, de saisir l’interlocut­eur départemen­tal (son nom gure sur l’avis de véri cation) en faisant

une demande de rendez-vous par courrier dûment motivé.

C’est une étape à ne pas négliger et cette entrevue importante doit être soigneusem­ent préparée si possible avec l’aide d’un conseil. Elle est l’occasion pour l’entreprise de réexplique­r ses positions, ainsi que de faire valoir de nouveaux arguments et de présenter de nouvelles pièces justi catives. Il n’est pas rare qu’après ce recours, le contribuab­le obtienne des « concession­s », voire un abandon des recti cations.

À savoir. Si la situation ne lui est pas avantageus­e sur le fond, le contribuab­le peut avoir intérêt à conclure une transactio­n avec le sc. Cette solution vise à obtenir une atténuatio­n des amendes ou majoration­s scales (mais jamais du principal). La signature d’une transactio­n avec le sc ferme la porte à toute possibilit­é de recours ultérieur en justice. SOLLICITER L’AVIS D’UNE COMMISSION PARITAIRE. Lorsqu’il s’agit d’une question de fait relevant de sa compétence, le contribuab­le peut saisir la Commission des impôts directs et des taxes sur le chi re d’a aires (TVA…) ou la Commission départemen­tale de conciliati­on (droits d’enregistre­ment et IFI). Il a 30 jours pour le faire à partir de la réponse de l’administra­tion à ses observatio­ns, à condition qu’il n’ait pas fait l’objet d’un redresseme­nt d’o ce.

La saisine peut aussi être faite par l’intermédia­ire du véri cateur par simple courrier lui demandant de saisir la Commission. Selon les juges, le sc est tenu d’accéder à cette demande même s’il estime que le litige n’est pas de la compétence de la Commission. S’il refuse de saisir la Commission, le contrôle scal est irrégulier, ce qui peut permettre de faire tomber les redresseme­nts. La commission paritaire réunit des représenta­nts du sc et des contribuab­les. Lors de la réunion devant la Commission, il est possible de se faire assister par deux conseils ou de se faire représente­r par un mandataire. Les avis de la Commission n’ont qu’un caractère consultati­f, mais ils sont néanmoins souvent suivis par le sc. En revanche, si le litige persiste et qu’une procédure contentieu­se est engagée, la charge de la preuve incombe en principe à l’administra­tion. Important. Cette démarche permet de retarder la mise en recouvreme­nt et peut déboucher sur une atténuatio­n des redresseme­nts.

Résoudre un litige à l’amiable avec L’URSSAF

TRANSIGEZ AVEC VOTRE URSSAF

Pour clôturer un litige. Un litige vous oppose à votre URSSAF ? Vous pouvez y

mettre un terme de façon amiable, si cela concerne :

- le montant des majoration­s et pénalités de retard ;

- l’évaluation d’avantages en nature ou frais profession­nels ;

- les montants de redresseme­nts fondés sur une évaluation de vos cotisation­s par extrapolat­ion ou une taxation forfaitair­e. Transiger avec L’URSSAF est impossible en cas de travail dissimulé.

Vous ne pouvez recourir à la transactio­n qu’après avoir été mis en demeure par L’URSSAF de régler certaines sommes. Peu importe que vous ayez déjà contesté le bien-fondé des sommes qui vous sont réclamées (« contestati­on déjà née ») ou non (« contestati­on à naître »). Peu importe également que la mise en demeure dont vous faites l’objet fasse suite à un contrôle URSSAF ou non (ex : mise en demeure suite à un retard de paiement des cotisation­s). Marche à suivre. Votre demande de transactio­n, que vous devez motiver, doit mentionner : votre nom et votre adresse, votre numéro d’inscriptio­n, tous documents et supports d’informatio­n utile à l’identi cation des montants qui font l’objet de votre demande ainsi que les références de la mise en demeure couvrant les sommes faisant l’objet de la demande.

Vous adressez votre demande au directeur de L’URSSAF, qui a 30 jours à compter de la réception de la demande complète pour vous noti er sa réponse. Sa réponse est laissée à sa libre appréciati­on et il n’est pas tenu de la motiver, même si elle est négative. Si votre demande est acceptée, vous convenez d’une propositio­n de protocole transactio­nnel, qui est ensuite transmise à un organisme de contrôle, la Mission nationale de contrôle (« MNC »). La MNC noti e ensuite sa décision au directeur de L’URSSAF. Lorsque la transactio­n est dé nitive, aucune procédure contentieu­se ne peut plus être engagée contre vous pour remettre en cause ce qui a fait l’objet de la transactio­n.

SAISISSEZ LE MÉDIATEUR URSSAF

Dans quels cas ? Vous rencontrez des di - cultés à l’occasion de vos démarches auprès de votre URSSAF ? Dès lors que vous n’avez pas été satisfait d’une réponse apportée, ou n’avez pas reçu de réponse dans un délai minimum d’un mois, vous pouvez saisir son médiateur. Ce dernier a vocation, notamment, à expliquer les situations et décisions, désamorcer les con its, et proposer une solution amiable à un di érend. Marche à suivre. Saisir le médiateur est gratuit. En pratique, vous remplissez un formulaire spéci que disponible sur le site des URSSAF.

Le médiateur procède à un examen approfondi de votre demande et, à ce titre, peut vous demander des complément­s d’informatio­n. Puis il formule une recommanda­tion, dans un délai moyen d’un mois (parfois porté à 2 mois).

Conclure une transactio­n avec un salarié

Même si la transactio­n est souvent associée à la rupture d’un contrat de travail, il est également possible d’en conclure une en cours d’exécution du contrat.

QUEL EST L’OBJET DE LA TRANSACTIO­N ? La transactio­n a pour objectif de mettre n à un

litige avec un salarié. Mais attention, elle doit avoir une cause et un objet licite, c’està-dire que le résultat visé ne doit pas être interdit par la loi ou contraire à l’ordre public. Exemple. Est illicite une transactio­n ayant pour objet la requali cation rétroactiv­e et arti cielle en période d’essai d’une période pendant laquelle l’employeur et le salarié étaient en fait déjà dé nitivement liés par un CDI.

Autre aspect : pour que la transactio­n soit valable, l’employeur et le salarié doivent concéder chacun quelque chose. Ces concession­s doivent être réelles, mais il n’est pas exigé de proportion­nalité parfaite. En cas de litige, si les juges considèren­t que la concession consentie par l’un est dérisoire, ils peuvent annuler la transactio­n. Ils apprécient la réalité des concession­s réciproque­s à la date de la signature de la transactio­n.

COMMENT RÉDIGER LA TRANSACTIO­N ? La transactio­n ne règle que les di érends qui y sont énoncés. Vous devez donc apporter un soin particulie­r à sa rédaction.

La transactio­n peut comporter une renonciati­on large permettant d’empêcher toute action en justice en indiquant que le salarié a déclaré n’avoir plus rien à réclamer à l’employeur à « quelque titre que ce soit et pour quelque cause que ce soit, tant en raison de l’exécution que de la rupture du contrat de travail ».

Inversemen­t, si la transactio­n porte sur des éléments énoncés expresséme­nt, elle ne règle que ceux-ci. Cela signi e que, en cas de contentieu­x, les juges ne peuvent pas refuser au salarié d’examiner ses autres prétention­s.

RUPTURE DU CONTRAT : QUAND RÉDIGER LA TRANSACTIO­N ? On l’a vu, la transactio­n n’est pas une forme de rupture du contrat de travail à l’amiable. Si tel est simplement votre objectif, la solution en principe appropriée consiste à négocier une rupture convention­nelle individuel­le avec le salarié. En revanche, s’il existe un contentieu­x plus complexe entre vous et le salarié, qui dépasse la seule question de la rupture du contrat, et que vous êtes déterminé à régler la question à l’amiable, alors la formule « licencieme­nt + transactio­n » sera à privilégie­r. À condition de prendre les précaution­s qui s’imposent.

Transactio­n postérieur­e à un licencieme­nt. La transactio­n ne peut pas être conclue avant que le salarié ait pris connaissan­ce des motifs de la rupture de son contrat de travail. Cela implique qu’il ait déjà reçu la noti cation de son licencieme­nt par lettre recommandé­e avec AR et qu’il ait signé l’accusé de réception prouvant qu’il a bien reçu ce courrier. Donc, un impératif : pas de licencieme­nt noti é par remise en mains propres ou encore par lettre simple. Tant que le contrat de travail n’est pas rompu, la transactio­n ne peut en rester qu’au stade de simples pourparler­s permettant d’échanger sur ses grandes lignes. Surtout, ne vous mettez pas d’accord avec le salarié sur les termes précis de la transactio­n avant, au risque que celle-ci soit annulée, quand bien même elle n’aurait été signée qu’après cette rupture.

Transactio­n post-rupture convention­nelle. Une transactio­n avec un salarié est envisageab­le même quand son contrat de travail a été rompu à l’amiable dans le cadre d’une rupture convention­nelle, mais à condition alors que :

- la transactio­n soit postérieur­e à l’homologati­on de la rupture convention­nelle (ou à la noti cation de l’autorisati­on de rupture s’il s’agit d’un salarié protégé) ;

- la transactio­n n’ait pas pour objet de régler un di érend relatif à la rupture du contrat de travail, mais un di érend relatif à son exécution, ou porte sur des éléments non visés par la convention de rupture.

Transactio­n conclue devant les prud’hommes. À ce stade, l’a aire a déjà été portée en justice, mais il est encore possible d’éviter de passer devant le juge. En e et, sauf exceptions, la recherche d’une conciliati­on est la première étape obligatoir­e d’un procès prud’homal. Si l’employeur et le salarié parviennen­t à s’entendre, leur accord est formalisé par un procès-verbal de conciliati­on, auquel une transactio­n peut être annexée. Un renvoi devant le juge aura tout de même lieu si la conciliati­on n’est que partielle.

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