Roaditude

BIG SUR UTOPIE CALIFORNIE­NNE

- Texte Isabelle Campone Los Angeles, États-Unis

Partir là où l’on ne peut aller qu’en voiture. Rouler en absorbant la vision des paysages américains infinis.Avaler des kilomètres de contemplat­ion. C’est la route la plus spectacula­ire du monde, la légendaire Route 1. Des vues d’une beauté à couper le souffle, les vagues qui épousent dramatique­ment les falaises, les bleus profonds qui clashent contre le vert de la végétation et le gris de la roche. Entre le Pacifique et les forêts de séquoias géants, serpente donc, parfois à plus de 300 mètres d’altitude, cette fameuse route, ou plutôt son tronçon le plus spectacula­ire, celui auquel on l’identifie presque exclusivem­ent. Ce sont 114 kilomètres de côte entre Carmel et San Simeon, vers San Francisco d’un côté, Los Angeles de l’autre.

C’est la route la plus spectacula­ire du monde, la légendaire Route 1. Des vues d’une beauté à couper le soufflees vagues

qui épousent dramatique­ment les falaises.

ELLE INCARNE À ELLE SEULE L’IDÉE DU ROAD TRIP.

Avant de l’atteindre, cette Route 1, on l’a forcément déjà vue. Les images de cette nature mouvementé­e habitent les publicités pour voitures, que l’on voit sillonner ces deux voies étroites, au coeur des éléments dont la puissance renforce celle de la voiture, océan et séquoias à perte de vue encadrant la bande de goudron. Les virages sont sinueux, les pentes raides, la visibilité courte. La beauté de ces paysages est bien à couper le souffle, un rappel de l’origine des temps où la nature était indomptée. Les arbres géants sur les versants escarpés dominent l’océan, les cascades plongent sur des plages bordées de palmiers, l’épaisse brume matinale s’élève des rochers jusqu’à la route.

REPAIRE D’ARTISTES ET D’INTELLECTU­ELS

À part la route et l’immensité, pas grand-chose. Quelques rares maisons que l’on aperçoit cachées dans les arbres, pas de train, pas d’avion évidemment. L’essence est rare et chère, comme les hôtels, et le réseau cellulaire est très aléatoire. Mais au coeur de cette centaine de kilomètres de route se trouve Big Sur. Un hameau étalé sur des kilomètres, un condensé de culture avant-gardiste qui rend la région plus fascinante encore. Un repaire d’artistes et d’intellectu­els qui ont façonné cette image de Big Sur comme l’incarnatio­n de l’esprit californie­n, fait de liberté et de spirituali­té, de communion avec la nature et d’anticonfor­misme.

On dit aujourd’hui que la plus belle image que l’on peut ramener de ce road trip, c’est celle du Bixby Bridge, le pont monumental qui arrive de Monterey. Lorsque sa constructi­on fût achevée en 1932, quelques années avant celle de cette State Route 1, il devint enfin le moyen de relier Big Sur au monde. Jusqu’alors, la situation géographiq­ue de ce petit bout de côte mouvementé l’avait exclu de tout développem­ent. La population des trois tribus amérindien­nes ayant été décimées par les colons, seules quelques familles de ranchers se partageaie­nt les terres allouées par le nouveau gouverneme­nt californie­n. L’achèvement de l’autoroute coïncida avec les débuts du tourisme automobile et cet isolement fût immédiatem­ent perçu comme l’autre grand atout de cette superbe contrée.

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