Rebels au Proche-Orient: sur la route avec les motards du Liban
MONTAGNES TAILLÉES PAR LES MILLÉNAIRES ET PLAINES
Les routes libanaises sont aussi dangereuses qu’envoûtantes. Entre janvier et août 2018, 281 personnes avaient perdu la vie sur les voies défoncées des cèdres. Des routes surexploitées dans le petit pays, en particulier en périphérie de Beyrouth, où les pots d’échappement ne cessent jamais de répandre une brume grise sur la capitale. Du matin au soir, aux abords de la cité, les antiques Renault ramenées par les Français côtoient les 4x4 noirs surpuissants. Sur les routes du Liban, seules les apparences et la vitesse comptent.
DÉSERTIQUES.
Une liberté de la ride dont profitent bien les motards, décidés à cultiver la tradition des « Motor Club », ou « MC », aux guidons de leurs Harley-Davidson. C’est le cas de l’un des plus imposants clubs du pays, le Rebels. Avec 70 formations dans le monde et plus de 2000 fidèles en Harley, le célèbre groupe australien, controversé pour ses activités criminelles, a gagné le Liban. Nommé Cedars Rebels en référence au mythique arbre libanais qui risque ironiquement l’extinction, ce chapitre du Proche-Orient se développe à grande vitesse.
Une dizaine de nouveaux membres portent maintenant sur leur blouson les symboles des Rebels. Une expansion qui n’inquiète pas les autorités, l’armée libanaise ou le groupe chiite
Hezbollah, dans un Liban où les pilotes ont une réputation exemplaire. Dans les regards des nerveux automobilistes qui voient défiler les Rebels, on ne trouve qu’amusement, curiosité et admiration.
Sur la côte, un vacarme mécanique retentit.
Les dizaines d’Harleys des Rebels rugissent, avant d’être
garées non loin d’une plage privée.
UNE CONFRÉRIE EN DEUX-ROUES
Tony, le président du club national, est affalé à une table du bar Radio Beirut, lieu de rassemblement favori des bikers dans un quartier festif de la capitale. Une flasque de vodka dans la poche droite, le motard revient sur les origines des Cedars Rebels. Jordanie, Qatar, Italie… Le groupe australien s’est internationalisé et a conquis le Moyen-Orient. En 2013, après une visite d’un chef Rebels australien, Tony accepte de porter les couleurs, convaincu par la rencontre. « Il n’y avait alors que trois membres et aujourd’hui, nous sommes 27 », annonce-t-il, souriant.
Ils sont pompiers, ingénieurs, chefs d’entreprise ou médecins, tous soudés comme les doigts d’une main. « On ne trompe pas nos femmes, on prie, on respecte Dieu, notre famille, notre pays, notre club et les frères qui roulent à nos côtés », répète Tony. Le trentenaire libanais ne quitte que rarement son blouson, pas même au travail. Chaque membre respecte un code d’éthique rigoureux. « On est une seconde famille », affirme-t-il. Aucun lien de sang, mais la route et la moto en commun.