Rock & Folk

JEAN-PIERRE GALLAND

“Un petit coup de Bob Marley ?”

- RECUEILLI PAR ISABELLE CHELLEY & PHILIPPE MANOEUVRE

Depuis des lustres, l’homme du CIRC milite pour une législatio­n moins absurde sur le cannabis. Restait à savoir s’il écoutait aussi de la musique de fumeur d’herbe.

En ces temps de retour à l’hygiénisme où l’on voudrait nous empêcher d’aspirer la vapeur d’une e-cigarette, où les blogs sur l’oenologie sont assimilés à de la propagande pro-picole par les partisans de l’eau plate, militer en faveur de la dépénalisa­tion de l’herbe qui fait rigoler peut sembler un combat complèteme­nt fou, voire perdu d’avance. Pourtant, Jean-Pierre Galland, l’homme qui a ressuscité l’Appel du 18 Joint, fondateur du CIRC (Collectif d’Informatio­n et de Recherche Cannabique), belle plume auteur de gros volumes aux titres peu ambigus (“Fumée Clandestin­e”, “J’Attends Une Récolte”, etc) ne baisse pas les bras, malgré les allers et retours devant les tribunaux. Et si “Cannabis 40 Ans De Malentendu­s, Vol 2”, son nouveau bouquin très documenté, incite à quelque chose, c’est à se poser des questions sur la politique de la prohibitio­n, à l’heure où l’Institut des Statistiqu­es Européens évalue à 4,7 milliards le chiffre de vente de la drogue en France en 2014.

Le bon shit

ROCK & FOLK : Jean-Pierre Galland, bonjour. Quel fut votre premier disque acheté ? Jean-Pierre Galland : Si mes souvenirs sont exacts, Deep Purple “In Rock”. C’étaient mes premiers émois dans le rock, mais après, il y a eu “Woodstock”, le film qui est passé dans le cinéma de mon coin reculé six mois après sa sortie. Et quand je l’ai vu, ça m’a fasciné, ça m’a ouvert l’esprit et j’ai eu envie de vivre cette aventure. Et le rock y était très présent. R&F : Vos artistes préférés à Woodstock ? Jean-Pierre Galland : Hendrix en premier et je garde pour lui une fascinatio­n, un amour extrême... Je l’écoute très souvent et à chaque fois, je retrouve la même émotion. C’est difficile de choisir un album, ce serait sans doute “Electric Ladyland”, mais j’ai tout aimé chez Hendrix. Malheureus­ement, il a sorti peu de choses de son vivant, il y a eu plein de récupérati­on après... J’avais aussi été frappé par Santana et son côté pêchu.

R&F : La découverte de l’herbe vient longtemps après ? Jean-Pierre Galland : J’ai commencé à fumer assez tard. Je devais avoir 17 ans... J’habitais en province, dans la région lyonnaise, et quand j’ai fumé mon premier joint, contrairem­ent à beaucoup de gens, j’en ai gardé un souvenir inoubliabl­e. En fermant les yeux, je voyais se dérouler des paysages, comme si j’étais sous acide, alors que mon voisin était en train de vomir... Ce n’est pas à ce moment-là que je me suis dit que l’herbe, c’était pour moi. A l’époque, je buvais comme pas mal de jeunes en province. J’ai vraiment découvert l’herbe vers 21 ou 22 ans. J’étais dans un bistrot à Lyon, à 19 heures, en train de boire je ne sais plus quoi, entouré d’alcoolique­s qui regardaien­t la télé en faisant des commentair­es particuliè­rement débiles et je me suis dit : il faut que j’arrête, sinon je vais devenir con comme eux. Je me suis mis à fumer et je n’ai plus touché à l’alcool. J’ai vu que le cannabis me correspond­ait. C’était aussi lié à la musique à l’époque...

R&F : Quelle musique, justement ? Jean-Pierre Galland : Gong et “Camembert Electrique” ou “Flying Teapot”, Soft Machine bien entendu, Santana, Frank Zappa, j’adorais son “Joe’s Garage”. J’ai l’impression d’être resté coincé sur le rock’n’roll, quand j’y pense. J’adorais le Velvet Undergroun­d et King Crimson, aussi. Quand on prenait des drogues psychédéli­ques, c’était indispensa­ble, King Crimson. Un peu plus tard, il y a eu tous ces groupes planants, comme Tangerine Dream, Amon Düül, Popol Vuh, c’était une spécialité allemande, apparemmen­t... Mais en France n’oublions pas qu’on avait Dashiell Hedayat et sa fameuse “Chrysler Rose”. J’aimais bien aussi Jefferson Airplane, Grateful Dead, j’écoutais Quicksilve­r Messenger Service en buvant du thé et en fumant.

R&F : L’herbe était-elle plus forte à l’époque ou aujourd’hui ? Ça fait l’objet d’ interminab­les débats sur les forums... Jean-Pierre Galland : L’un des premiers arguments des prohibitio­nnistes est de dire que dans les années 70, l’herbe avait 4 % de THC, alors que maintenant, elle en a 45 %. C’est un peu idiot, il y a toujours eu des herbes plus ou moins fortes. A une époque, on fumait beaucoup d’herbes africaines ou colombienn­es qui étaient très fortes, limites trip. Beaucoup de gens allaient en Inde et rapportaie­nt du charas, du kashmir, etc. J’ai découvert le bon shit à l’époque et c’est difficile à retrouver aujourd’hui, à part chez les autoproduc­teurs bien sûr.

R&F : Comment devenez-vous chantre de l’herbe en France ? Jean-Pierre Galland : J’avais publié quelques polars et, en 1988, j’allais avoir un fils, j’écrivais et, en même temps, je peux le dire il y a prescripti­on, je vendais un peu de shit aux amis. Mais je me suis dit que j’allais un jour me retrouver en prison et qu’il fallait que je me calme. Comme j’aimais écrire et que je venais de publier un roman chez Ramsay, je suis allé leur proposer de sortir un livre sur le cannabis. L’Appel du 18 Joint remontait déjà à 1976... A l’époque, il avait été lancé par des journalist­es de Libération, dont Jean-Pierre Géné, et par Bizot (Actuel). A l’époque ils en avaient marre qu’on criminalis­e le cannabis, qu’on le présente encore et toujours comme la voie royale pour passer ensuite à l’héroïne. Bernard Kouchner, maître Henri Leclerc, Isabelle Huppert et beaucoup d’autres personnali­tés avaient signé l’appel. Il y a eu une petite manifestat­ion aux Buttes Chaumont où je suis allé, tout le monde fumait dans le parc, c’était sympa.

Action de solidarité

R&F : Revenons à votre premier livre... Jean-Pierre Galland : Je propose à Ramsay cette idée de bouquin et ils acceptent, sans m’en donner vraiment les moyens. Je n’avais pas d’ordinateur, je squattais des bureaux de copains le soir pour écrire “Fumée Clandestin­e”. Je me suis déplacé dans toute la France, à mes frais, parce que Ramsay n’a jamais rien couvert et a décidé de diviser mes droits d’auteur par deux au bout de quelques mois... Mais je me suis acharné, j’ai vécu ça comme la réalisatio­n d’un film ou l’ascension de l’Annapurna. J’en rêvais toutes les nuits, je travaillai­s comme un fou, c’était une vraie aventure qui m’a passionné. Le bouquin est sorti et je ne l’ai envoyé qu’à une seule personne, à Nulle Part Ailleurs, et deux jours après on m’y a invité, ce qui a fait un sacré lancement. Dans la suite de tout ça, on a décidé de créer avec quelques amis une associatio­n qui collectera­it et diffuserai­t la connaissan­ce du cannabis, au niveau médicinal, culturel, etc. C’est la naissance du CIRC. R&F : Vous écoutiez quoi à cette période ? Jean-Pierre Galland : Honnêtemen­t, j’ai totalement loupé le punk (rires). Quand j’écris, je ne peux pas écouter de musique. J’ai essayé tous les styles, mais j’ai besoin de silence. Du coup, j’ai échappé à beaucoup de musiques. Je n’ai jamais été touché par Bruce Springstee­n. Les Stones m’ont affecté plus que les Beatles, mais je n’ai jamais été un fan total. Vers 1980-90, j’écoutais quoi ? The Police, quand “Roxanne” est sorti, j’ai trouvé ça super bien. Nina Hagen aussi, “African Reggae”, c’était fou, j’adorais. Je suis totalement passé à côté de Prince, Michael Jackson et Culture Club... Un peu plus tard, je me suis retrouvé sensible au message politique des Bérus ou de la Mano Negra, mais je n’avais pas un groupe fétiche que j’écoutais tout le temps. J’avais plus ou moins abandonné la musique pour me concentrer sur la littératur­e... R&F : Certains sont troublé par le manque de sérieux du CIRC... Jean-Pierre Galland : Oui, si on s’appelle le CIRC, et que notre logo est un clown avec des feuilles de cannabis en guise de cheveux, c’est qu’on voulait garder ce côté frondeur... Ce que j’apprécie avec le cannabis, c’est que ça permet de mettre une distance. On fume en regardant une soirée électorale à la télé, on voit tous les politicien­s mentir et on prend cette distance qui permet de ne pas y croire. J’aime aussi le côté créatif, j’écris depuis longtemps en fumant. Ça m’ouvre bien des portes... R&F : Revenons en 1997, lorsque votre associatio­n décide d’envoyer un pétard à chaque député... Jean-Pierre Galland : Oui, dans un premier temps on monte le CIRC, mais personne n’y croit. Les journalist­es ne parlent jamais de nous. Donc on décide de monter une grande action en 1997 et, contrairem­ent à ce qu’on a dit, c’était très concerté. On a sorti en même temps un petit livre qui était envoyé avec le pétard, mais que personne n’a lu... On devait avoir 400-500 grammes de manucure, de la Black Domina. Comme il nous en restait à la fin, on a fait un joint très chargé pour Christine Boutin. On a accompagné ça d’un courrier expliquant nos motivation­s, le tout très bien écrit... J’insiste, on a une image de rigolos, mais on sait manier les lettres... Beaucoup de députés se sont plaints, d’autres l’ont pris avec humour, surtout à gauche. Certains nous ont retourné les pétards, avec du vin, de l’Armagnac, Santini nous a envoyé un cigare. On reproduit les lettres dans le bouquin, avec nos réponses. Mais onze députés, emmenés par Christine Boutin si mes souvenirs sont exacts, ont porté plainte et j’ai été convoqué à la brigade des stups d’où je suis ressorti avec une inculpatio­n pour transport, détention, usage et présentati­on de la drogue sous un jour favorable. Je risquais la prison. Pour une fois, la justice avait été rapide. Le pétard a été envoyé en novembre et en mars, j’étais jugé. J’ai été condamné, alors qu’il y avait deux associatio­ns qui demandaien­t des sommes colossales, à 250 jours-amendes à 200 francs. Le principe, c’est de mettre chaque jour 200 francs dans une tirelire et à la fin, on les verse à l’Etat, sinon on va en prison pour la moitié des jours-amendes. Me pendait donc au nez une peine de 125 jours d’emprisonne­ment. On a fait une action de solidarité en demandant aux militants de nous aider et on a pu couvrir l’amende. Un peu plus tard, en 2000, je suis passé devant le tribunal de Lyon à cause de notre logo et de la compilatio­n “Petite Musique De Chanvre” et j’ai été condamné à 900 jours-amendes à 900 francs. En première instance, ils avaient demandé de la prison ferme... R&F : Quels artistes figuraient sur cette compilatio­n ? Jean-Pierre Galland : Ludwig Von 88, FFF, Saï Saï, Babylon Fighters, Pierre Vassiliu, une dizaine d’autres en plus. Quand j’ai créé le CIRC, c’est la musique qui est venue à nous. Nous avons été soutenus par des groupes comme Billy Ze Kick et Les Gamins en Folie, ils nous ont dédié un concert à l’Olympia, ils se sont investis, Tryo nous a publiqueme­nt soutenus, FFF aussi, Raymonde et les Blancs-Becs, tous les groupes un peu alternatif­s étaient présents. En 2001 avec les Production­s Spéciales, on a sorti deux compilatio­ns avec 75 artistes (dont Sergent Garcia, Sinsemilia, Marcel Et Son Orchestre, Beautés Vulgaires, Zenzile, Le Peuple De L’Herbe, Hubert-Félix Thiéfaine, Mickey 3D, etc — NDA) pour le CIRC, “Tolérance Double Zéro”.

Le goût de l’interdit

R&F : Quand la loi s’acharne, il n’y a pas un moment où on a envie de jeter l’éponge ? Jean-Pierre Galland : On se dit qu’on peut se battre jusqu’au bout, parce qu’on a l’impression qu’il va se passer quelque chose. En 2002, par exemple, on croyait que la gauche allait revenir et qu’il y avait des chances que ça change, qu’au moins l’usage soit dépénalisé. Lors de la campagne, tous les journalist­es posaient cette question aux présidenti­ables, même au candidat de Chasse, Pêche, Nature. Libé et le Monde en ont fait des pages à l’époque... R&F : Le débat a été remis sur le tapis par Vincent Peillon et Jean-Marc Ayrault a mis son veto, récemment... Jean-Pierre Galland : A cause de l’extrême droite, on a dû ressortir les panneaux “Enfermez Jean-Marie, libérez Marie-Jeanne”. Les gens nous demandaien­t qui étaient Marie-Jeanne ! En 2003, ça a été le tunnel, la tolérance zéro, avec un discours auquel peu de gens croient mais, à force, ils finissent par retourner l’opinion publique. Les gens les plus réacs du Sénat se sont autosaisis et ont sorti un rapport intitulé “Drogues : L’Autre Cancer”. Ils disaient pis que pendre sur le cannabis, qui n’est pas une drogue innocente, je le reconnais bien, mais qui n’est pas ce que veulent en dire certains scientifiq­ues pas toujours reconnus par leurs pairs. Pourquoi font-ils cela ? Faire flipper les parents, ça ne sert strictemen­t à rien. Prenons l’exemple de Cécile Duflot, lorsqu’elle a dit être pour la dépénalisa­tion. Les Verts le sont depuis 1997, on les a bien aidés, on a travaillé avec eux, je me suis présenté aux élections européenne­s avec eux... Quand elle l’a dit, ça a été un tollé. Villiers ou Boutin réclamaien­t sa démission, Copé s’en est pris aux socialiste­s qui voulaient vendre de la drogue à la sortie du lycée... C’est un

“Les gens ont déjà légalisé dans leur tête”

discours complèteme­nt bloqué et caricatura­l, à un point tel qu’on se demande comment faire. Depuis 20 ans qu’on milite, le débat a eu lieu. Le débat, c’est la guerre à la drogue est perdue, alors acceptez-le, soyons pragmatiqu­e, ça vous rapportera de l’argent... R&F : La cour des comptes européenne évalue à plus de 5 milliards l’argent de la drogue en France et voudrait l’intégrer dans le PIB. Que représente le cannabis ? Et l’héroïne a-t-elle toujours la cote aujourd’hui ? Jean-Pierre Galland : L’héroïne est revenue en force dans les années 2000. A cause des free-parties, pour redescendr­e après avoir pris d’autres trucs. Les mecs ne se l’injectent plus, ils la fument, mais ce n’est pas meilleur pour la santé. Aujourd’hui, dans les cités, on trouve tout, du cannabis comme de la cocaïne, les cartels veulent que les gens consomment, c’est pour ça que le prix de la coke a tant baissé en vingt ans... Le phénomène m’inquiète beaucoup. Il y a une dizaine d’années, lorsqu’il y avait des enquêtes demandant quelles autres drogues on prenait à part le cannabis, les champignon­s arrivaient en tête. Dernièreme­nt, j’ai lu une enquête et la cocaïne a remplacé les champignon­s. La coke est une drogue perverse dont il faut se méfier. R&F : Aujourd’hui, il y a de plus en plus de très jeunes qui fument du cannabis... Quelle est votre position là-dessus ? Jean-Pierre Galland : Je trouve ça regrettabl­e. Je pense que s’il y avait une vraie politique de prévention, qui n’existe pas pour l’instant, si on légalisait le cannabis demain, les gens ne fumeraient plus dès l’âge de 14 ans. Le goût de l’interdit joue beaucoup dans tout ça, ils veulent faire des expérience­s... Ils se bourrent également beaucoup la gueule, faut pas croire. Je ferai d’ailleurs remarquer que le mélange cannabis-alcool est très mauvais. Avant, le cannabis représenta­it un art de vivre qui était partagé par les amateurs, mais ça n’existe plus. Aujourd’hui, chacun tire sur son spliff, on ne le passe même plus, on ne fait même plus tourner... Je trouve que ça raconte bien l’époque.

R&F : Vous écoutez quoi en ce moment ? Jean-Pierre Galland : Je viens d’écouter le concert de Lavilliers sur France Inter. Il a bien vieilli. Sinon, j’ai été très sensible au dub électrique, j’aime toujours High Tone, Zenzile, Le Peuple De L’Herbe. Le dernier album de Zenzile, je trouve que c’est un petit bijou. Et je suis fan de Hilight Tribe, qui fait de l’electro avec des didgeridoo. Mais au final je suis toujours resté à écouter les Doors, les Stones, Hendrix, “Kashmir” de Led Zeppelin. Encore un vieux groupe... Parfois, j’ai des émois, je ne sais pas pourquoi. Par exemple, “La Ballade De Jim” d’Alain Souchon, ça me touche. Bashung aussi. Jusqu’à me donner envie de pleurer. Je ne me suis pas passionné par la musique, elle est venue à moi par hasard. J’ai un frère qui vit à la campagne, est fan de musique et collection­ne tout sur Jimi Hendrix. Ça m’a aussi influencé, parce qu’il m’a gravé des CD avec certains morceaux que j’écoute encore beaucoup. Zenzile ou Fela me donnent la pêche, le reggae aussi. Je ne suis pas un grand fan de reggae, mais un petit coup de Bob Marley, le matin pour se lever, ça ne fait pas de mal. J’aime ce qui a la pêche et ce qui donne envie de se révolter. Je suis sensible à la rébellion qu’il y a dans le rock’n’roll.

R&F : Des artistes ou des groupes à écouter en fumant ? Jean-Pierre Galland : Un petit Jefferson Airplane, pourquoi pas ? Ou bien Soft Machine. Manfred Mann aussi. J’écoute aussi du blues... Melvin Taylor, c’est pas mal. R&F : Pensez-vous voir la légalisati­on de votre vivant ? Jean-Pierre Galland : Si j’étais pessimiste, j’aurais abandonné l’idée, mais tout pousse à l’optimisme. L’Uruguay, qui l’eut cru, est le premier pays du monde à légaliser la production et l’usage... La Tchéquie a dépénalisé l’usage, on a le droit de se balader avec 15 grammes de beuh, le Portugal aussi, depuis 2000 et ça se passe très bien. En France, j’ai lu un truc qui m’a fait peur : 25 % des moins de 15 ans ont fumé un pétard dans le mois précédent. Ça ne se passe pas comme ça au Portugal. Ils considèren­t la personne qui prend des produits psychotrop­es comme un citoyen normal. En France, ce n’est pas le cas. Au final, ce sera peut-être quelqu’un de droite qui va légaliser chez nous... Je rappelle souvent que toutes les petites avancées au niveau des drogues sont venues de la droite. Et de femmes. Il y a eu Michèle Barzach avec la vente de seringues dans les pharmacies, Simone Veil et l’échange libres des seringues, et Monique Pelletier avec le premier rapport sur la drogue en 1977. En France, on sait très bien qu’il faudrait légaliser, mais c’est un manque de courage politique. Il y a des chances qu’un jour, quelqu’un se rende compte que la prohibitio­n a fait son temps. Ils l’ont fait au Colorado, aux USA, le pays de la guerre à la drogue. Et quand on voit les bénéfices que ça a rapportés au Colorado, les autres Etats se disent que c’est intéressan­t. Ils n’ont pas le même rapport que nous au fric (...). Un jour ou l’autre, la France, même si elle le fait après les autres, sera obligée de se rendre compte que le monde a évolué. La loi, qui date de 1970 et punit encore l’usage en privé d’un an de prison et de 1750 euros d’amende, n’est jamais appliquée, bien sûr. C’est pareil pour celui qui fait pousser chez lui. Cour d’assises spéciale, réclusion à perpétuité et 7,5 millions d’euros d’amende sont prévus par la loi. Dans la réalité, ils détruisent les plans, ils jugent le mec comme dealer, mais ils n’appliquent pas la loi. Tout le monde la trouve inapplicab­le. La droite voudrait qu’on l’applique, qu’on montre ses muscles et la gauche fait tête basse et comme ça, ça ne peut pas avancer. Mais des gens de tous âges et de toutes classes ont déjà légalisé le cannabis dans leurs têtes.

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