Rock & Folk

OLYMPIA ECRAN LIVE

En guise d’alternativ­e aux festivals d’été, la salle du boulevard des Capucines diffuse quelques films de concerts en qualité optimale. Explicatio­ns avec Arnaud Delbarre, le taulier.

- RECUEILLI PAR OLIVIER CACHIN

Dans son bureau truffé de memorabili­a et d’affiches vintage, Arnaud Delbarre allume une autre cigarette. Il a le droit, il est chez lui : boss de l’Olympia depuis 2001, quelques années après sa réouvertur­e à la fin du 20e siècle, Arnaud s’identifie à sa salle, comme jadis Jean-Michel Boris et Bruno Coquatrix. Ce temple de la musique vivante qui a accueilli le premier concert parisien des Beatles et de Jimi Hendrix a une histoire folle : salle préférée de Piaf, l’Olympia a été jadis la scène de Michel Sardou pour une résidence de cinq mois. Les lettres rouges de sa façade sont mythiques dans le monde entier. Ce soir, c’est Jack White qui joue, et une centaine de fans est déjà devant la fameuse façade à 17 heures, quand on va retrouver le boss pour parler de son pari de l’été : un festival de films, Ecran Live, onze concerts filmés diffusés sur écran géant du 16 au 29 juillet. Les Doors, les Stones, Metallica, Muse, Led Zeppelin mais aussi “The Wall”, Johnny au Stade de France et Brassens plus Brel. Une idée originale en son optimal et image numérique. Rock&Folk a voulu en savoir plus sur cette collection rock dans une salle de légende.

Proposer autre chose

ROCK&FOLK : D’où vient cette idée de programmer des films rock dans une salle dédiée au spectacle vivant ? Arnaud Delbarre : C’est un test, une envie. On en parlait depuis un moment. Il fallait déjà trouver la technologi­e HD sans écran led, une bonne projection numérique, la qualité en termes de son et d’image. C’est nouveau, alors on n’a pas pu avoir certains films, il a fallu expliquer aux management­s. On a monté ça très vite et on a dû communique­r la programmat­ion très tôt. Je voulais un bon gros AC/DC. C’est là où se situe le pari : ces films, on peut les trouver sur internet mais on les regarde sur un petit écran, avec un petit son compressé. Là on sera devant un écran gigantesqu­e avec un son live, à l’Olympia, avec des amis. La notion de partage est vachement importante, c’est capital pour le spectacle vivant. “The Wall”, je me rappelle la claque que j’ai prise en 1992, je n’ose imaginer ce que ça peut être là. On a choisi des gros shows, qui ont marqué.

R&F : Prix cinéma ou prix concert ? Arnaud Delbarre : C’est entre les deux. 14 euros en prévente et 16 le jour même. C’est un modèle économique nouveau, on a envie de le faire. Pour Metallica, Muse et Mylène Farmer, on a fait des places debout pour retrouver l’ambiance. En même temps il y a le festival Fnac à l’Hôtel de Ville, gratuit. Nous, on propose autre chose. Si les gens en ont envie, ils viennent le dimanche matin à 9 heures. On peut trouver toutes les excuses quand ça ne marche pas mais quand ça rigole, ça rigole.

R&F : Ce ne sont pas des films musicaux comme “Quadrophen­ia”, mais des films de concert... Arnaud Delbarre : Des live. Celui qui est un peu à part c’est le McCartney, il y a un peu de route, un peu d’histoire autour. On teste. Dans l’avenir, ça pourra être des films musicaux. Dans un temple de la musique vivante comme l’Olympia, tenter de faire quelque chose autour de l’image et du son, c’est un peu ambitieux. Faire des spectacles l’été, c’est très compliqué. Maintenant les festivals sont de plus en plus tôt, et ils paient les artistes de plus en plus cher. Il n’est pas question de lutter contre eux, mais de proposer autre chose. Il faut s’adapter en permanence. Je suis confiant. Je pense que les gens vont avoir envie de venir entre amis en sortant du bureau, les parents vont demander à leurs enfants de venir avec eux. C’est comme les tribute bands. J’en ai fait quelquesun­s à l’Olympia : les Rabeats, Led Zept avec le show de 1973 refait à l’identique, Musical Box, qui fait Genesis, une énorme machine qui tourne dans le monde entier. En octobre, ils vont faire “Nursery Cryme” et “The Lamb Lies Down On Broadway”. Nous, on a eu la chance de voir ces shows, mais quand tu veux connaître et que tu t’intéresses... Ce partage, on l’a vécu avec Jimmy Page qui est venu fin mai devant une salle soldout pour une écoute d’album et la projection d’images sublimes qu’il avait choisies, un gigantesqu­e clip. Après il a fait une petite interview et je regardais les gens dans la salle, il y avait une vraie communion. Alors qu’il n’a pas joué une note. D’ailleurs il n’y avait pas de guitare, nulle part (rires) ! C’était génial.

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