Donovan Blanc
CAPTUREDTRACKS/DIFFER-ANT Sur la photo de presse — en noir et blanc, mais pouvait-il en être autrement ? — ils portent des frusques à jouer dans le Velvet Underground du premier album, mais ont des têtes à appartenir à celui du troisième LP – cette formation apaisée à la recherche de la rédemption. Des indices ? Sans doute. Le visage pâle et le regard un peu las, Joseph Black et Raymond Schwab ont sacrifié en 2013 leur groupe Honeydrum (auteur d’une pop lo-fi bricolée disséminée sur neuf singles et une compilation... cassette) pour mieux renaître sous le nom trompeur de Donovan Blanc (prononcer Blanque). Depuis leur New Jersey natal, ces deux Américains offrent désormais des compositions aux allures de classiques et aux effluves vintage. Dans cette bande originale quasi fantasmée pour petits matins apaisés — ou crépuscules rougeoyants, selon l’humeur — il est souvent question de jeunes femmes au teint qu’on imagine diaphane (elles se prénomment Donna, Traci ou Veronica) et le disque s’impose avec désinvolture dans notre quotidien, laissant échapper, entre arpèges scintillants et orgue caressant, un romantisme au charme désuet. De clins d’oeil à l’accent brésilien d’Os Mutantes (le titre “Minha Menina” et sa légèreté psychédélique) en accolades à la pop ligne claire britannique du début des années 80 (Felt, biensûr, l’école écossaise du label Postcard) sur nombre de ritournelles immaculées, le tandem signe de ces chansons qui font accélérer les battements du coeur, à l’instar des mélodies virevoltantes de “Hungry A Long Time” ou “Without A Thing To Doubt”, des courbes lascives de “Girlfriend” ou des embruns nostalgiques de “That Summer Ago”. En douze titres élégants, Donovan Blanc s’amuse à suspendre le temps. Profitons-en. CHRISTOPHE BASTERRA