John Garcia
NAPALM Le “Chinese Democracy” du stoner rock : depuis combien d’années John Garcia nous avait-il promis un premier album solo, suscitant fantasmes et passion ? Le voici. La production, certes lourde et massive mais quelque peu impersonnelle, peine parfois à honorer l’excellence et les subtilités des compositions de ce disque si riche, dynamique et varié. D’emblée, Garcia règle ses comptes et donne le ton sur le nerveux “My Mind”, avant le prodigieux “Rolling Stoned” des très obscurs Black Mastiff, assurément l’un des joyaux du disque. Si Vista Chino était fortement marqué par la patte du batteur Brant Bjork, on retrouve ici une inévitable continuité — “Argleben” en prolonge ainsi les saveurs, alors que “The Blvd”, typiquement kyussien, bluesy et gorgé de basse, se libère soudain de toute sa tension lors d’un refrain miraculeusement explosif. Tantôt si agressive, mystique et sauvage, emblématique d’un desert-rock ardent, la voix du coyote des canyons les plus reculés de l’autre vallée de Coachella affiche autant de mordant que de séduction, parfois si superbement soul, suave et intime. On retiendra toutefois une approche ouvertement virile et frondeuse (“Flower”, “5000 Miles”) rappelant franchement les mythiques Unida — dont ce “Saddleback”, boogie-rock survolté et sans le moindre compromis — comme est également évoquée l’empreinte des Hermano : “All These Walls” ferait écho au punk rock écorché de leur second album, mais également “His Bullets Energy” et sa suite acoustique, ultime complainte folk et chaleureuse où Garcia s’offre un invité de luxe avec la guitare hispanisante de Robbie Krieger.
JEAN-CHARLES DESGROUX