Mastodon
“Once More ’Round The Sun” WARNER Non seulement le quatuor d’Atlanta s’est-il hissé en dix ans au niveau de futur géant en signant une discographie certifiée sans faute, mais ce sixième album incarne d’ores et déjà l’un des incontournables chefs-d’oeuvre, faisant suite au plus direct “The Hunter”. En proposant toutes les différentes facettes d’une musique bien plus cérébrale que ne laisserait présumer leur look d’affreux bûcherons et joyeux drilles ultra tatoués du deepSouth, les Mastodon dévoilent une cartographie complète de leur univers artistique avec des titres évoquant chaque étape de leur évolution, sans pour autant jamais se répéter ni se parodier — fort complexe tout en étant raisonnablement accessible, ce son si singulier combine une certaine idée du stoner-rock heavy et poussiéreux, la force de frappe et les riffs du thrash metal, la puissance sourde et opaque d’un post-core à la Neurosis, ainsi que l’élégance majestueuse du metal progressif, en étant évidemment bien plus proches des inclassables Tool que tous ces autres instrumentistes masturbateurs. Ainsi vacille-t-on sous les assauts telluriques de “Chimes At Midnight”, entre franche lumière, rayons de guitare solaire et chocs sismiques, les nombreux déferlements rythmiques annonçant l’Apocalypse. D’autres chansons aux formats plus évidents appellent au headbanging — “Aunt Lisa” a tout du tube avec ses “Hey!Oh!Let’s fuckinggo” ramonesiens déclamés façon cheerleaders, alors que l’on est transporté par la dynamique et les mélodies de “The Motherload”, morceau pourtant aussi lourdement personnel qu’accrocheur et d’une rare beauté, interprété par le batteur Brann Dailor, véritable pilier de ce nouvel opus qui fera assurément date.
JEAN-CHARLES DESGROUX