Rock & Folk

Je voudrais savoir ce qu’il advient de MARK HOLLIS et connaître l’histoire et la discograph­ie de son ancien groupe, TALK TALK.

- 102 R&F AOUT 2014

STEPHANE, Bossonnens (Suisse)

On parle souvent d’artistes cultes ou de musiciens mythiques entourés d’une aura de mystère en raison d’un parcours atypique, d’un basculemen­t dans la folie, d’une retraite soudaine et inattendue ou d’une mort tragique. Mark Hollis fait partie de ces rares artistes qui ont stoppé leur carrière de par leur propre volonté, sans contrainte, ni obligation, après une période d’intense créativité, à l’image de Fred Neil, une des grandes figures du folk américain qui quitta New York, à la fin des années 1970, pour s’occuper de dauphins en Floride. Mark Hollis, lui, se retire après la sortie de son unique album solo en 1998, l’introspect­if, magnétique et envoûtant “Mark Hollis” (Polydor UK 98), pour s’occuper de sa famille. Toutefois, un retour sur scène ou, au moins, en studio est toujours possible mais, pour l’instant, il n’est crédité que de participat­ions à un morceau du groupe Unkle sur “Psyence Fiction” (Mo’Wax UK 98) et, en 2001, à deux titres d’un album d’Anja Garbarek, “Smiling & Waving” (Virgin Norvège 01) qui contient également un duo de la chanteuse avec Robert Wyatt. Né le 4 janvier 1955 à Tottenham, un quartier de Londres, Mark David Hollis, chant, piano et guitare, forme d’abord The Reaction avec l’aide de son frère aîné, le producteur et manager Ed Hollis. Ce dernier a notamment produit les deux premiers albums d’Eddie & The Hot Rods, “Teenage Depression” en 1976 et “Life On The Line” en 1977, écrivant les textes de plusieurs titres tels que “Been So Long”, “Do Anything You Wanna Do”, “Quit This Town” et “Life On The Line”. The Reaction fait paraître, en novembre 1977, un premier morceau intitulé “Talk Talk”, écrit par les frères Hollis, sur la compilatio­n “Streets” (Beggars Banquet UK 77), où figure aussi “19” des Dogs puis sort un 45 tours en juin 1978, “I Can’t Resist”/ “I Am A Case”, produit par Ed pour Island, deux titres très courts de garage/ power pop, surtout le deuxième. The Reaction en restera là, mais pas Mark Hollis qui, en 1981, donne le nom de sa première compositio­n à sa nouvelle formation, Talk Talk, dans laquelle l’accompagne­nt le batteur Lee David Harris (né le 20 juillet 1962), le bassiste Paul Douglas Webb (né le 16 janvier 1962) et aux claviers, Simon Brenner. Le quatuor signe avec EMI et sort un premier single, “Mirror Man”/ “Strike Up The Band”, en février 1982. La power pop est délaissée au profit d’une pop synthétiqu­e s’immisçant dans ce qu’au début des années 80 on a appelé le mouvement des newromanti­cs avec Duran Duran, Spandau Ballet, Visage, Ultravox, Adam. Talk Talk adopte alors chevelures permanenté­es, cravates noires et larges costumes blancs. Après deux autres singles et un EP américain, le premier album est disponible en juillet 1982 : “The Party’s Over”, avec “Today” et la reprise de “Talk Talk” (EMI UK 82). Départ de Brenner. Talk Talk devient un trio qui s’éloigne progressiv­ement du newromanti­sm et de son décorum vestimenta­ire. Avec le renfort du producteur et claviérist­e Tim FrieseGree­ne : “It’s My Life” avec le hit “Such A Shame” et la collaborat­ion, qui perdurera, du guitariste des Pretenders et de Paul McCartney, Robbie McIntosh (EMI UK 84). Les compostion­s du duo Tim Friese-Greene et Mark Hollis allongent la durée de morceaux alliant pop et rock progressif qui recueillen­t les suffrages du public et de la critique : “The Colour Of Spring” avec le succès de “Life’s What You Make It” et la présence de Stevie Winwood à l’orgue (EMI UK 85). Avec le budget alloué par EMI après le succès des albums précédents, Mark Hollis, dont le nouveau look prend modèle sur Roger McGuinn des Byrds version acid rock, étale les séances du projet suivant sur une année. Le trio expériment­e de nouvelles sonorités, utilisant des instrument­s de la musique classique, comme le basson, le hautbois, le violon et le cor anglais, et du jazz pour un résultat magnifique mêlant ambient music, rock progressif, dans un esprit proche de celui du groupe anglais Third Ear Band, psychédéli­sme onirique et mystique : “Spirit Of Eden” composé de six longs titres pratiqueme­nt enchaînés (Parlophone/ EMI UK 88). Talk Talk, qui ne se produira plus sur scène, décide alors de ne pas promouvoir l’album par une tournée, ce qui envenime un peu plus les relations avec un label très sceptique quant au potentiel commercial du disque. Finalement dégagé du contrat avec EMI, le groupe, sans Paul Webb, enregistre son dernier album, dans la lignée du précédent, pour Verve/ Polydor : “Laughing Stock” (Verve/ Polydor UK 91). Talk Talk se sépare en 1992. Compilatio­ns : “Natural History”, sorti sans l’aval du groupe (EMI UK 90) ; “History Revisited : The Remixes”, cette version remixée du précédent donna lieu à un procès entre la formation londonienn­e et le label (EMI UK 91) ; “Asides And Besides”, singles, démos et remix (EMI UK 98) ; “London 1986”, live (Pond Life UK 99) ; “Natural Order 1982-1991” (EMI UK 013). Lee Harris rejoindra Paul Webb dans O Rang : “Herd Of Instinct” (Echo, Echo UK 94) et “Fields And Waves” (Echo UK 97). Par la suite, Lee Harris participer­a, notamment, aux albums de Bark Psychosis, “/// Codename : DustSucker” (Fire UK 04), de Midnight Choir, “In The Shadows Of The Circus” (S2 Records Norvège 08) et de Magnetik North aux côtés du batteur de Can, Jaki Liebezeit, “Evolver” (Inky Blackness UK 12). Quant à Paul Webb, sous le nom de Rustin Man, il enregistre avec la chanteuse de Portishead, Beth Gibbons, “Out Of Season”, sur lequel on retrouve également Lee Harris (Go! Beat UK 02) ainsi que sur le live “Acoustic Sunlight” (Go! Beat UK 03).

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