Elton John
“THE MILLION DOLLAR PIANO”
Assumons-le, on n’a pas souvent l’occasion, dans les pages de ce magazine, d’évoquer le talent et l’extravagance d’Elton John. Vieillissant, un peu épais, remplumé du haut, Reginald Kenneth Dwight dont la prochaine décennie qu’il célébrera sera la septième depuis sa naissance est devenu un classicpopper, malgré lui et en dépit de ses excentricités. Ceux qui le rangent dans la catégorie vieuxcons ont bien tort puisque ses derniers albums, parus depuis le début des années 2000, sont tous très écoutables et s’insèrent sans grincement dans une discographie dont, effectivement — c’est également valable pour les plus méritants de ses pairs — on préfère souvent retenir ceux enregistrés au cours des années 70. Bien conscient que ces chansons-là lui survivront, et que ce sont celles que veut entendre son public (d’un âge mûr, certes, mais en partie renouvelé grâce à des cinéastes comme Cameron Crowe qui incluent ses hits dans leurs bandes originales — “Tiny Dancer” dans le fédérateur “Almost Famous”), Elton John en donne pour leur argent à ses fans et notamment ceux qui ont assisté à un ou plusieurs des concerts qu’il propose, en résidences régulières, au Colosseum du Caesars Palace de Las Vegas. Filmé en HD, au milieu d’un décor kitschissime (un piano/ écran) et animé, avec Ray Cooper surplombant les autres musiciens et plutôt drôle entre les chansons, Elton cartonne encore avec ses merveilles (“The Bitch Is Back”, “Rocket Man”, “Your Song”...) et s’en contreficherait certainement s’il savait que, nichés dans des trous de rat, dans de sales recoins du monde, de tristes détracteurs ironisent sur son talent et son authenticité. Bande de sourds.