Rock & Folk

The Wytches

“Annabel Dream Reader”

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HEAVENLY/PIAS

Les Britons de Heavenly Recordings ont décidemmen­t le nez creux ces tempsci : après avoir successive­ment déniché Toy, Charlie Boyer And The Voyeurs et Temples, voici qu’ils nous amènent encore de nouveaux prodiges… The Wytches, donc, est un trio de jeunes gens aux longues tignasses qui s’ennuyaient ferme sur les plages de Brighton et qui eurent la riche idée de fomenter un garage-rock teinté de grunge et de psychédéli­sme, à la fois lugubre et accrocheur, qu’ils nommèrent surf-doom. Rapidement repérés, les garnements eurent le privilège de pénétrer dans l’antre analogique des studios Toe Rag (où “Elephant” fut couché) afin d’y capter, avec l’aide de l’ex-Coral Bill Ryder-Jones, ce premier opus garanti sans artifices, ni synthétise­ur. Qu’entend-on donc ici ? La voix aigüe, mi-scandée, de Kristian Bell, qui évoque Jack White mais qui est capable de radicaleme­nt s’écorcher — le fantôme de Cobain rôde souvent, comme sur “Wire Frame Mattress” — ainsi qu’une guitare folle, aux sons étranges, ciselant de mystérieux motifs orientaux (“Digsaw”, “A Robe For Juda”) et dont les trémolos rappellent parfois The Misunderst­ood. Un écrin musical fort adapté à l’imagerie horrifique originale (clowns grimaçants, travestis, mort-vivants, strangulat­ion) développée par les trois jeunots qui font par ailleurs preuve d’une maturité musicale ahurissant­e. On retient, avec un émoi certain, l’apocalypti­que “Fragile Male” et son final hurlé, la gothique “Burn Out The Bruise”, la ballade catatoniqu­e “Wide At Midnight” et enfin “Track 13”, ultime offrande folk façon “France” des Libertines, belle à pleurer. Excellent de bout en bout, “Annabel Dream Reader” est, sans contestati­on possible, un premier coup de maître. Balaise. JONATHAN WITT

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