Kevin Morby
“Still Life”
WOODSIST/DIFFER-ANT
Exilé de Woods et The Babies, deux des groupes les plus remarquables à être issus du Brooklyn lo-fi au début des années 2010, Kevin Morby a surpris son monde en 2013 avec son superbe premier album solo nommé “Harlem River”. On y découvrait un véritable auteur/ compositeur aux mots justes et aux mélodies folk-rock limpides. Si “Harlem River” était une ode à New York, son successeur “Still Life” est un disque déraciné où le poète itinérant Kevin Morby chante la route et où la mort rôde à chaque coin de rue. Bien sûr, dans un exercice aussi balisé que le folk-rock, où empoigner une guitare et interpréter des chansons invite à la comparaison de tant de géants, Morby a dû choisir une école de pensée. La sienne se situe au croisement de Bob Dylan et de Leonard Cohen, pour son imagerie symbolique (“The Jester, The Tramp & The Acrobat”, “Drowning”), l’omniprésence de la mort (“Amen”) et de la thématique du voyage (“Motors Runnin’ ”). Auteur subtil, Morby trace les contours de ses personnages auxquels il parvient à insuffler de la vie en quelques esquisses (“The Ballad Of Arlo Jones” est un modèle du genre). Il emprunte à Dylan certains maniérismes, notamment cette façon de lâcher nonchalamment le dernier mot de chaque couplet pour en accentuer l’effet (comme sur le tubesque “All Of My Life” ou “Our Moon”). Ballades lumineuses, mélodies aux arpèges simples, chansons crépusculaires... Morby gère les temps forts et faibles à la perfection. Sur un titre magnifique tel que “Parade”, il parvient même à atteindre l’intensité et la maîtrise de ses modèles. Attention, artiste culte en devenir. ✪✪✪✪