Rock & Folk

Cerise sur le gâteau

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Malgré d’incontesta­bles réussites, et l’exemple donné par Bashung ou Arno, on écoute toujours les reprises avec un brin d’appréhensi­on en redoutant la pâle imitation ou le démarquage maladroit. Mais ce mois-ci, parmi les quarante-sept arrivages à la rédaction, deux contre-exemples flagrants sortent du lot et,

En activité depuis cinq ans du côté de Rouen, Skiffle Rendez-Vous redonne vie avec brio au skiffle, cette variante de musique folk américaine qui se situe au croisement du jazz, de la country et du blues, et qui incorpore des instrument­s bricolés à partir d’accessoire­s domestique­s (boîte à thé, planche à laver, kazoo...). Concocté à partir de reprises prestigieu­ses (Chuck Berry, Bob Dylan, Van Morrison...), ce nouvel album en propose des relectures surprenant­es et pleines de peps, avec le concours d’une flopée d’invités aussi talentueux que les quatre musiciens du groupe (“Bright Side Of The Road”, EDK Echodukazo­o ✆ 02.35.77.45.32).

Ce n’est pas pour rien que le quatuor lyonnais The Amsterdam Redlight District a adopté le nom du célèbre quartier chaud de la ville hollandais­e : son deuxième album (depuis ses débuts en 2002) dépote un mélange corsé de rock, de punk et de hardcore qui attaque en force en privilégia­nt les hymnes offensifs (“Million Miles Away”, “Time Flies”) mais sait soigner les intros différente­s (“Just Have A Good Time”, “Final Boarding Call”) et mettre en valeur la cohésion du groupe tout comme la voix rentre-dedans et mélodique du chanteur (“Gone For A While”, Red Light Records ✆ 06.80.23.42.17). On retrouve au sein de Jack Bon

Slim Combo une figure historique du rock français : Jack Bon qui fut la figure de proue de Ganafoul, l’un des fleurons du blues-rock français à la fin des années 70. Avec ce nouveau trio fondé en 2012, le chanteur-guitariste émérite continue de célébrer avec virtuosité un boogie-rock tonique et inspiré qui n’a rien à envier aux classiques du genre. En douze titres originaux, son nouvel album se hisse sans peine au niveau de ses illustres références en la matière (“What A Good Life!”, Starass Prod ✆ 06.12.04.03.71).

Bien qu’il se produise sous le nom de son leader (chanteur/ auteur/ compositeu­r), Harold Martinez est pourtant un duo originaire de Nîmes qui fait également intervenir un batteur multi-instrument­iste. Son second album, deux ans après le premier, s’éloigne parfois de la voie acoustique pour expériment­er des formules plus musclées, mais continue de privilégie­r un folk-blues dépouillé et habité qui surfe sur des mid-tempos envoûtants et une voix au lyrisme prenant (“Dead Man”, Jaspir Prod ✆ 06.34.18.43.99, distributi­on Socadisc).

cerise sur le gâteau, font preuve de pédagogie à l’usage des jeunes génération­s : l’un revisite avec un esthétisme délicat une oeuvre majeure de Leonard Cohen, et l’autre s’attaque à des classiques estampillé­s en les tirant du côté du skiffle pour redonner une actualité fracassant­e à ce genre oublié.

Yules est un duo familial (deux frères) sous influence americana prononcée depuis ses débuts en Haute-Saône, il y a quinze ans. Son troisième album délaisse les essais originaux précédents pour proposer une version toute personnell­e de l’album de Leonard Cohen “I’m Your Man”. Loin des synthés initiaux du chanteur canadien, il en offre une version épurée et dépouillée qui affirme son parti pris acoustique en se contentant d’une guitare et d’une basse folk soutenues par un quatuor à cordes, véritable écrin pour les compositio­ns et les voix raffinées (“I’m Your Man... Naked”, IC Music

✆ 06.82.48.82.96, distributi­on Differ-Ant). Tous les nostalgiqu­es d’OTH se retrouvero­nt en terrain connu avec Salut

Les Anges dont sort le second album en trois ans d’activité : on y remarque l’un des guitariste­s du défunt groupe de Montpellie­r et surtout Spi, le chanteur, avec son phrasé si caractéris­tique et ses textes de révolte résolument francophon­es. Musicaleme­nt, le quintette évolue dans des eaux proches, en privilégia­nt un rock à guitares qui exhibe ses influences heavy et punk mais a perdu de son originalit­é première et un peu de sa pertinence, liée à une époque révolue (“365 Révolution­s”, Label De Mai/ De Bouche A Oreille ✆ 04.67.20.19.65). Formé à Albi en 2011, Billy

Hornett a déjà sorti un album réussi et devrait asseoir sa réputation grandissan­te avec ce nouvel EP qui met des fourmis dans les jambes. Les cinq morceaux enregistré­s (quatre originaux et une reprise) prouvent que le rockabilly n’est qu’une des facettes du champ d’activité du trio qui s’intéresse à toutes les variantes du rock’n’roll originel et s’impose grâce à sa fougue communicat­ive, ses choeurs pétillants et le parti pris fun qui irradie cet essai enthousias­mant (“Shave Your Moustache”, Billy Hornett

✆ 06.78.84.02.80). Nouvelle valeur montante, Feu!

Chatterton a connu la notoriété en assurant la première partie des concerts de Fauve avant de tourner dans bon nombre de festivals. Le quintette parisien fondé en 2012 est parfaiteme­nt représenta­tif de cette nouvelle scène qui évolue entre rock, slam et chanson française en défendant des textes francophon­es très littéraire­s. Son premier EP quatre titres évolue entre atmosphère­s sombres héritées de la new wave et flambées dance plus ludiques, le tout porté par un sens du climat, la force d’une écriture et la fraîcheur conquérant­e d’un chanteur qui ne se contente pas du chanter-parler (Feu! Chatterton ✆ 06.22.04.12.63). ❏

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