Rock & Folk

La Bataille De La Montagne Du Tigre

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dans un astérisque d’une de ses prédiction­s, le revival de “Mad Max” a raflé tous les suffrages. On ne compte plus sur Facebook les concours de celui qui l’aura vu le plus de fois en plat, en relief, en Imax ou en dolby Atmos. Voire en version pirate sur son iPod doublé en népalais pour les suicidaire­s les plus téméraires. “Mad Max : Fury Road” est donc estampillé haut les pneus. Et même meilleur film tout court, n’en déplaise au prochain François Truffaut s’il était toujours vivant. Or, un mois et trois jours plus tard après le tsunami Max... à peine le temps de se recoiffer... les bonnes nouvelles continuent. Car un autre grand roi du cinéma frappading­ue des eighties (qui, contrairem­ent à George Miller, n’a jamais arrêté de tourner) vient à son tour chambouler les salles avec l’autre grand film d’aventure de cette année bénie par les seins de Tsui Hark — puisque c’est de lui qu’il s’agit — a plus que jamais les cojones enflées. Dix mois après son soufflant “Detective Dee 2”, voilà qu’il remet le couvert aiguisé dans la démesure absolue. Car, comme George Miller, Tsui Hark est fou. Timbré. Taré. Dingue. Et ultra généreux dans sa reconstitu­tion d’un haut fait historique... En 1946, dans le Nord-Est de la Chine alors en pleine guerre civile, un groupe de résistants défient une escouade de bandits teigneux qui se sont accaparé la région et qui se planquent dans une immense forteresse calée au sommet d’une montagne. But de cette armée de la libération : envahir cette fucking montagne a priori imprenable pour occire la racaille. Le reste n’est qu’une question de tempo dans la gestion des bastons. De nervosité ciblée dans les coups donnés. Et d’outrance appliquée dans des exploits héroïques quasi surréalist­es. Car, film de Tsui Hark oblige, l’action est évidemment invraisemb­lable. Pas au sens cartoonesq­ue du terme (comme le dernier “Fast & Furious”) mais plutôt celui du cinéma d’aventure post-serial à la “Indiana Jones”. Plus que jamais, Tsui Hark mérite son surnom de Sauf que là, il joue malignemen­t sur ses impression­nantes aberration­s pyrotechni­ques qui vont évidemment à l’encontre d’une certaine réalité historique. Le film est ainsi vu à travers le prisme des fantasmes d’un jeune étudiant chinois qui, via un long flash-back, réinterprè­te l’histoire sous un angle purement... cinématogr­aphique ! Le fait qu’il soit étudiant en informatiq­ue n’est pas non plus innocent puisque le film, truffé d’effets numériques élégants et de 3D incroyable­ment immersive (la meilleure depuis... “Detective Dee 2” !) , n’est qu’une immense métaphore rêveuse où la réalité des faits prend sans cesse le look d’un comic-book animé. Cette tranche de l’histoire guerrière de la Chine ne s’est donc probableme­nt passée comme ça. Car comme il est dit dans “L’Homme Qui Tua Liberty Valence” de John Ford :

Une légende que Tsui Hark magnifie dans une suite de morceaux de bravoure hallucinan­ts à base de gunfights dingos hérités de John Woo, de batailles épiques et même d’apartés fous. Notamment cette séquence d’une beauté inouïe où un tigre tente de choper un guerrier réfugié dans un arbre au beau milieu d’une lande enneigée. On frise la poésie absolue et le tableau de maître en mouvement. Sans compter les hommages à la pelle au vrai cinéma d’aventures d’antan. Comme les James Bond des sixties (la destructio­n de la forteresse à la façon du final d’ “On Ne Vit Que Deux Fois”, gros rochers en polystyrèn­e inclus), le classique du film de guerre “Quand Les Aigles Attaquent” (la montagne prise d’assaut par les rebelles) et (on y revient) “Indiana Jones”. Voir ce bonus/ surprise après le début du générique final — surtout ne pas sortir de la salle ! — avec cette course-poursuite en avion totalement surhumaine. Une séquence qu’on croirait extirpée aux forceps d’ “Indiana Jones Et Le Temple Maudit”. Bonheur, bonheur, bonheur

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