“Nu Yorica !”
Soul Jazz Nettement plus funky que les âneries d’adolescent retardé de Mike Patton, voici la réédition du mythique volume sorti par Soul Jazz il y a de longues années. Deux CD consacrés à la scène NuYorica des seventies. Le disco des immigrés en quelque sorte. Avec Eddie et Charlie Palmieri, le Machito Orchestra, Joe Bataan, Ricardo Marrero et plein d’autres Hispanos, ça chauffe sévère dans cette orgie de cuivres et de percussions à rendre fou Dizzy Gillespie (qui adorait le genre) en personne. Beaucoup de bébés sont nés après que ces morceaux ont été diffusés à la radio. Sortez couverts. tout ce qu’ils possèdent de moins engageant, idée bien propre à leur garantir un insuccès mathématique. Suicide donc, mais commercial. C’est le fruit de cette unique collaboration, tout à la fois manifeste, chant du cygne, et doigt d’honneur à l’endroit de l’industrie honnie, qui nous parvient aujourd’hui. Et c’est renversant. De ce marais de détresse (extraits choisis : “jenesaispassi j’arriveraiàpasserlaprochainejournée”, “l’espoirsemeurt,lafoihurle/quand leslarmesvont-ellescesser?”, et notre préféré, “toutcequej’aieupourdéjeuner cematin/c’étaitlesoleilcalifornien”, le reste étant de la même eau noire), s’évapore pourtant une bizarre allégresse (“Neighbourhood Blues”, “Angel Of Mercy”) qui infuse longtemps. Les plus spleenétiques de nos dandys, s’il en reste, y trouveront en tout cas de quoi approfondir leur mal en beauté.