Nettoyer Gotham
“BATMAN : ARKHAM KNIGHT”,
chez Warner Bros. Interactive Entertainment et Rocksteady, pour PC, PS4 et XboxOne, boucle une trilogie virtuelle de haute volée au départ mais qui avait dévoilé une certaine paresse au fil du temps. Le héros chauve-souris masqué est donc de retour pour une ultime aventure — même si, avec les studios, on peut s’attendre à tout et même à 18 suites... — et a tout intérêt à flirter avec la perfection pour ne pas faire définitivement fuir les millions de fans à travers le monde. Batman, fatigué, en préretraite, va devoir encore sortir ses gadgets haute technologie pour nettoyer une Gotham toujours aussi mal fréquentée. Ce qu’il faut dire en guise de préambule, c’est que le travail effectué par Rocksteady est tout simplement phénoménal. On hallucine devant la beauté des animations, la richesse des décors, la profondeur des ténèbres de cette ville légendaire. Au volant de la Batmobile, on nique les radars et on accélère même encore pour dérouiller toujours plus de bandits et de méchants très très méchants. On roule à 300 km/h et on aperçoit un sale type sur le trottoir, pas de problème. On s’éjecte comme si de rien n’était et on tombe sur le malheureux pour lui faire sa fête. Et la Batmobile sait aussi se transformer en véhicule guerrier lorsqu’il s’agit d’affronter les blindés des mercenaires de l’Arkham Knight, nouveau super vilain à la bobine de Daft Punk, mais sans les platines. Les plus aigris diront que la bagnole de Batman est la vraie héroïne du jeu et qu’elle gangrène cette nouvelle odyssée urbaine. On ne sera pas obligé de les croire sur parole. Et ici, c’est l’open world qui dicte sa loi : on ne passe pas d’une mission à une autre, on est libre d’arpenter toute la carte, ce qui ravira les esprits libres et frustrera ceux qui aiment les chemins balisés. Mais avec une durée de vie qui semble illimitée, des bastons mémorables (des nouveaux coups ont été créés) et un paysage qui relève plus de la vision que de la facilité conceptuelle, on ne peut que valider ce troisième épisode et prier pour que Batman revienne, vite, pour démarrer une autre saga. En noir, toujours.
“THE ELDER SCROLLS ONLINE : TAMRIEL UNLIMITED”,
chez Bethesda, pour PS4 et XboxOne, pourrait ressembler, aux yeux des béotiens, à une formule magique indigeste ou à une langue pas encore répertoriée. Mais derrière cette appellation barbare se dissimule un jeu de rôles impeccable, plébiscité par des millions de gamers depuis quelques années maintenant. Là, l’épopée se poursuit en ligne, en mode World Of Warcraft, pour devenir un véritable MMORPG (ou, littéralement et en français, unjeuderôlesmassivementmultijoueurenligne). Et plus besoin de payer pour s’abonner et jouer en réseaux, il suffit désormais d’acheter le jeu et c’est parti pour de longues heures d’exploration magique. Que les derniers arrivés se rassurent, pas besoin de connaître les précédents opus pour pouvoir plonger dans cette nouvelle quête. Histoire de faire simple, c’est le bordel sur Tamriel où un prince pas franchement cool met la mauvaise ambiance. Résultat : une guerre entre les Alliances. Boum ! Il faut bien choisir son Alliance et donc sa race (elfe, orque, etc) et ses compétences (chevalier, sorcier, etc) parce que ce choix affectera toute l’aventure. La customisation de son personnage est à elle seule un jeu. Il existe tellement de possibilités qu’on en deviendrait presque fou. Qualité graphique et diversité des actions extrêmes. Ensuite ? On oublie l’humanité, le taf, les autres et on ouvre les portes d’un univers extraordinaire où la mort, les mauvais sortilèges et les embrouilles à l’épée foisonnent. Geek un jour...
“EVERYBODY’S GONE TO THE RAPTURE”,
chez The Chinese Room et Sony, pour PS4, sera sans doute l’un des jeux les plus excitants de cette année 2015. La phrase d’accroche des studios concepteurs : “Cettehistoirecommenceaveclafindu monde...” On est en Angleterre, en 1984, dans le village de Yaughton. Là, plus personne, nulle âme qui vive, des jouets oubliés sur le sol, des téléviseurs qui ne crachent plus qu’une mire déprimante, des récoltes abandonnées. L’ambiance est prenante, à la gorge, on est dedans avant même la première interaction. On veut savoir... L’enquête peut alors débuter. Comprendre l’impossible, déchirer le voile du passé pour raconter la fin des temps. Aidé par une musique très immersive, des paysages fantastiques et une narration non linéaire, on est doucement et sûrement avalé par cette histoire bouleversante, inquiétante, qui emmènera très loin, bien audelà de ses certitudes et des gimmicks virtuels habituels. Ici, il faut accepter de tout recommencer, accepter de jouer d’une autre façon, avec ses émotions en première ligne. Rock&Folk y reviendra plus en détails à la rentrée. Claque énorme.
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R&F
AOUT 2015