Kurt Vile
MATADOR/BEGGARS Kurt Vile possède une qualité très appréciable. Les albums qu’il enregistre sont systématiquement imprégnés de l’endroit d’où il vient, où il vit. “B’lieve I’m Going Down”, ainsi, sera pour les auditeurs aimant rêvasser une nouvelle carte postale, un voyage mental dans la grise Pennsylvanie du bonhomme. Sa neige marronnasse, ses autoroutes tristes, ses villes de losers, sa déprime au parfum workingclass... Kurt Vile, depuis qu’il a quitté The War On Drugs, fait d’ailleurs des albums avec un savoir-faire ouvrier. Le but est de faire bouillir la marmite et de nourrir sa famille. A cet effet, le chevelu a placé en ouverture un morceau enlevé, ce “Pretty Pimpin” tout en fingerpicking altier et paroles sardoniques. La suite est du pur Kurt Vile, un enchevêtrement de guitares folk, électriques, banjo (“I’m An Outlaw”), Wurlitzer qui pourrait faire vieille école mais sonne pourtant sans équivalent. On entend sur “Dust Bunnies” un rock laid-back d’un nouveau genre. Les lignes mélodiques apparemment frustes s’imbriquent, se répondent, évoluent subtilement. Au micro, l’homme est de la famille des conteurs sardoniques, distanciés, pas dupes et croassant d’une fort belle manière. Attention, Kurt Vile a beau posséder un style racé, inventif, stonien parfois, il est aussi