Rock & Folk

Kelley Stoltz

“IN TRIANGLE TIME”

- CASTLEFACE

datant de l’âge d’or de l’après-punk : chorus inquiétant, écho du Bowie berlinois, synthés louches... La principale qualité du garçon est sans doute sa faculté à habiller les compositio­ns, à rendre excitant un refrain avec une guitare twang inventive. On passe d’un morceau tout en tension construit sur une basse new wave (“Cut Me Baby”) à un blues modernisé à l’aide d’effets seventies (“Crossed Mind Blues”). L’album avec sa pyramide en pochette et sa thématique du triangle (présente dans beaucoup de titres) se révèle un délicieux trip déviant. Morceaux anguleux, riches, vivifiants. À quoi peut faire penser tout ça ? Carrément, par moments, à l’ovni de Brian Eno “Here Come The Warm Jets”, ce grand disque où les sons triturés dans la production se mettent à sonner comme rien de connu ailleurs. En hommage à l’Anglais sans doute, Stoltz concocte sur “Heart Full Of Rain” un final pianistiqu­e similaire à celui d’ “On Some Faraway Beach”... Moment de bravoure, “The Hill” déborde de cocottes de guitares funky vaguement africaines. Du pur Eno encore, celui qui produisait les Talking Heads de “Fear Of Music”. Sur “Wobbly”, probableme­nt l’extrait le plus dansant et accrocheur du lot, Stoltz se réinvente en chanteur inquiétant : “Jemesensto­ut tremblant/Qu’est-cequej’aifaithier soir?” Les guitares sont alertes, possèdent un son clair argentin, comme sur “Pyramid Of Time” où l’homme part dans un solo anguleux et rebondissa­nt de delay. Ailleurs, il fait sonner les six-cordes comme des synthés (ou l’inverse ?), se fend d’interventi­ons nerveuses ou ludiques. Sur “Litter Love”, on pense aux Stranglers magnifique­s de “Feline”, ceux qui mélangeait si bien claviers électroniq­ues et guitare acoustique. En dépit des références lisibles, “In Triangle Time” dépasse largement l’exercice de style. Sa versatilit­é étonne, ses compositio­ns surprennen­t. Ultime morceau, “Destroyers & Drones”, et Stoltz change encore de style. Un lent titre poignant et quasiment gospel, la bande-son du chaos et de la tristesse. A l’instar de McCartney, Todd Rundgren, Prince, Graham Coxon et quelques autres, Stoltz fait partie de ces gens qui savent faire un disque seul, passant de la basse, à la batterie, du clavier à la console de mixage. Une caste très particuliè­re, où l’excitation est le seul moteur. BASILE FARKAS

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