Fils spirituel de la grande Faucheuse Fargo
qu’elles viennent de la littérature (“Barton Fink”), des vieux magazines Pulp (“Blood Simple”, leur premier long) ou des dessins animés zinzins post-“Tom et Jerry” (le road movie cartoonesque “Arizona Junior”). Les deux frères trouvent alors leur point d’orgue en 1996 avec leur sixième essai : “Fargo”. L’épopée tragique et hilarante de deux malfrats qui, errant aux alentours d’une petite ville du Dakota du Nord (Fargo), échafaudent un kidnapping foireux. Déambulant maladroitement dans la poudreuse, les Laurel et Hardy des mauvais coups génèrent une série de catastrophes. Le tout dans une atmosphère délétère et presque rêveuse que l’on retrouve intacte dans la série du même nom. Les frangins étant trop occupés à fournir leur film annuel pour Cannes, ils se retrouvent ici producteurs exécutifs. Histoire que ce reboot de “Fargo” reste fidèle à leur ton ironique. Dans la saison 1, totalement addictive, un tueur à gages débarque dans la petite ville du titre. Sa rencontre fortuite avec un agent d’assurances, va provoquer — comme dans le film — une série de morts carabinée. Les jeux de piste, traitrises et cadavres divers (et d’hiver !) s’emboîtant façon poupée russe. Il suffit d’un magot caché, d’un mafieux local superstitieux, d’un cadavre congelé et d’un flic qui ne comprend rien, pour s’embarquer sévèrement dans dix épisodes intensifs qui, en filigrane, rendent un hommage constant au film des Coen. Avec comme point commun cette neige éternelle qui ralentit les âmes, les faits et les actions pour mieux installer le spectateur dans une transe quasi hypnotique. On y retrouve quelques acteurs montants du moment (comme Colin Hanks, le fils de Tom) en flic trop intègre ou Keith Carradine (si génial aux côtés de Lee Marvin dans “L’Empereur Du Nord” de Robert Aldrich, un des meilleurs films du monde) en patron de restau résistant à la violence ambiante par un aquoibonisme presque salvateur. Mais le meilleur reste Billy Bob Thornton. Un acteur tout terrain, capable de gonfler le thorax dans un blockbuster patriotique (“Armageddon”) ou de cabotiner dans des films d’horreur à deux balles (le récent “Into The Grizzly Maze” où il tente de tuer un ours psychopathe). L’ex d’Angelina Jolie (vingt ans avant Brad Pitt) est totalement fascinant en tueur à gages dont la froideur et le calme inquiétant amuse et effraie autant qu’Anthony Hopkins en Hannibal Lecter dans “Le Silence Des Agneaux”. Il pue littéralement la mort comme s’il était le fils spirituel de la grande Faucheuse. A l’instar de “True Detective”, la saison 2 de “Fargo” propose une nouvelle histoire. Mais dont certaines ramifications sont liées — la série est en cours de finition sur Netflix — à la saison 1. Avec même ambiance mortifère et même violence hirsute. Sauf que l’on passe du néo-polar au western neigeux. Nous sommes toujours dans le coin de Fargo, mais en 1979. Et les destinées des personnages de s’imbriquer une fois de plus : un boucher tranquille amené à éliminer son (et ses) prochain(s), la femme de ce dernier tuant accidentellement un jeune assassin psychopathe, deux frères jumeaux portés sur la mitraille synchrone, une famille de rednecks dirigés par un clone de Ma Dalton, un bad-guy black cool au look Shaft... Et c’est le massacre façon domino : A tue B qui tue C qui tue D. Mais, pour la plupart d’entre eux, sans vraiment le vouloir. Comme le précise Noah Hawley, créateur et unique scénariste de la série : “C’estl’histoirede