Rock & Folk

Punk bouddhiste

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Avec “Give Peace A Chance” (Denoël Graphic), le deuxième volume de la saga familiale de Marcelino Truong emmènera le lecteur dans le Londres des années 1963 à 1975 avec pléthore de groupes d’exception en fil rouge de l’histoire. A l’instar du premier volume qui se déroulait à Saigon, le nouvel épisode alterne avec intelligen­ce chapitres sur la famille à la découverte d’un nouveau mode de vie et ceux moins amusants qui recadrent les instants décrits dans un contexte plus historique. Ainsi le lecteur découvrira avec envie les scènes où les enfants adoptent les habitudes télévisuel­les locales (les séries comme “The Avengers”, “Danger Man”, le Top Of The Pops du jeudi...) avant que le journal télévisé n’informe les parents de nouvelles bien plus graves concernant les proches restés au pays. Ce qui est intéressan­t de la part de l’auteur, c’est cette façon de présenter simplement les choses, même celles qui fâchent, sans jamais céder à l’arbitraire. Pour les fans du Swinging London et de glam rock, cette plongée ethnologiq­ue dans la vie quotidienn­e de l’époque est à ne pas manquer. Non contente d’écraser tout le monde au rugby, la Nouvelle-Zélande est en passe de rafler le grand prix de la plus belle pépinière de dessinateu­rs prometteur­s du moment. Le dernier en date se nomme Ant Sang et son “Dharma Punks” (chez Presque Lune) est une histoire incroyable qui raconte les tribulatio­ns de Baguette, jeune punk forcément anarchiste mais aussi bouddhiste. Bon, jusque-là, ça va, c’est après que tout se corse car le mouvement punk bouddhiste (qui n’est pas une invention de l’auteur mais une réalité) a pour devise “meditate& destroy”, d’où cette fumeuse idée de faire sauter un fast-food au tout début de l’histoire. Evidemment, tout se passe mal et Baguette se retrouve embringué dans une série d’évènements au cours desquels le lecteur passera en revue une belle brochette de portraits de jeunes en rupture sociale qui ont cependant le mérite d’essayer d’atteindre la spirituali­té d’une façon tout de même un peu surprenant­e. Pour le reste, les personnage­s sont tellement hauts en couleur que l’on comprend l’usage du noir et blanc tout au long du bouquin. Si Serge Gainsbourg a immortalis­é l’année 1969 en la qualifiant d’érotique, ce n’était pas pour faire style genre dans sa chanson. Cette année-là est précisémen­t l’année de naissance de Vampirella, héroïne de papier née aux Etats-Unis et dont la plastique de rêve a permis de mieux faire comprendre à des millions d’adolescent­s français pourquoi on appelait la bande dessinée le futur neuvième art. En hommage à cette époque poignante où les éditeurs BD étaient soumis à la censure, Delirium publie “Anthologie Vampirella Volume 1” où, en quelque trois cents pages, les esthètes pourront redécouvri­r quelques-unes des plus belles histoires consacrées à la femme/ vampire par les maîtres de l’époque comme Forrest J Ackerman, Mike Royer, Archie Goodwin ou Richard Corben. Pour les novices, ce sera l’occasion de découvrir un genre un peu tombé en désuétude ces dernières décennies mais qui est susceptibl­e de revenir en force car, cette fois, imprimé sur un papier glacé de bonne qualité. Si le sexe et la drogue sont généraleme­nt associés au rock and roll, on oublie trop souvent la vitesse à fond la caisse, qu’elle soit sur deux ou quatre roues. Pour cette raison évidente, il serait absurde de ne pas s’offrir l’énorme et fantastiqu­e pavé “Jean Graton Et Michel Vaillant – L’Aventure Automobile” (Hors Collection) réalisé du sol au plafond par Xavier Chimits et Philippe Graton Junior en personne. A l’intérieur de cet ouvrage grand format, le passionné de formes aérodynami­ques, d’huile chaude et de gomme brûlée dans les virages va découvrir le fruit d’années de recherches méticuleus­es pour tenter d’expliquer l’origine de cette passion qui allait conduire Jean Graton à dessiner les planches les plus rapides de l’histoire de la BD. Avant d’en arriver à Michel Vaillant, les auteurs retracent de manière extrêmemen­t vivante les débuts de Jean Graton et, surtout, les années bruxellois­es, quand une poignée de dessinateu­rs pour la plupart inconnus allaient créer sans rien calculer la bande dessinée moderne.

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