Rock & Folk

A tous les lecteurs

- PHILIPPE MANOEUVRE & PAUL RAMBALI

Nous avons réalisé ce magazine dans des circonstan­ces terribleme­nt sombres. Le coeur lourd, on termine ce numéro 581. Le rock était visé. Visé par les mêmes gens qui ont toujours détesté le rock : Ceux qui cassaient les disques d’Elvis Ceux qui brûlaient les albums des Beatles Les mêmes qui ont hurlé au scandale à l’apparition de la minijupe, Les mêmes qui ont tiré sur les hippies... Bref, il reste des gens sur cette terre pour qui nos messages de liberté, sexe, paix et amour sont proprement insoutenab­les. Fuck tous les intégrisme­s.

Voilà ce que nous voulons dire : Le rock est notre religion. Le concert de rock est notre messe. Nous sommes solidaires avec toutes les victimes d’attentats frappés dans leurs lieux de culte.

Peace and love, brothers and sisters.

Nous avons fait ce numéro avec sincérité. Nous avons essayé de réagir façon rock-critic Avec juste nos mots, Car pendant que les artistes surmontent la terreur en remontant sur scène, mettre des mots sur cette sanglante affaire est tout ce qui nous reste. Nous dédions ce numéro à tous les gens qui étaient au Bataclan et aux terrasses des cafés en ce vendredi noir du 13 novembre. Les 130 morts et tous les survivants, Vous êtes nos frères et soeurs rockers, nous ne vous laisserons jamais tomber.

A part ça : François Ducray est de retour et il raconte le coffret Dylan comme personne. Patrick Eudeline nous écrit un conte de Noël, illustré par Jean Solé. A l’année prochaine. On vous aime. On voulait vous le dire aussi, Une fois n’est pas coutume.

PS : Hier soir, 7 décembre 2015, a eu lieu à Bercy la première fin du cycle de mort ouvert le 13 novembre. Tout de blanc vêtu, tremblant comme un cheval fou, exprimant une cascade de sentiments, Jesse Hughes a magnifique­ment chanté “People Have The Power” de Patti Smith. Un moment de folie collective, attisé par les deux groupes réunis, U2 et Eagles Of Death Metal, générant ensemble un maelström d’émotions où tournoyaie­nt les âmes des disparus.

“Les terroriste­s nous ont cassé le mojo”, nous disait un survivant du Bataclan. Ce sera donc le rôle du rock : secouer la chape mortifère et nous offrir des instants de bonheur sauvage. La veille, au même endroit, Patti Smith avait tournoyé et hurlé la même incantatio­n. Les deux soirs, Bono a joué son rôle de modeste chevalier du rock, au service des gens.

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