Rock & Folk

Epic Soundtrack­s

- “RISE ABOVE” 088 R&F AVRIL 2016

Easy Action/ Rookwood (import Gibert Joseph) Inutile de chercher midi à quatorze heures pour le chef-d’oeuvre du mois, c’est ici que ça se passe...Lorsque, en 1993, Epic Soundtrack­s, né Kevin Paul Godfrey (frère de Nicholas Godfrey alias Nikki Sudden), jusqu’ici connu pour avoir participé aux Swell Maps, aux Jacobites et à These Immortal Souls, annonçait un premier album en solo coréalisé avec Lee Ranaldo, Kim Gordon, J Mascis, Rowland S Howard et Martin P Casey des Bad Seeds, le monde bâillait d’avance : encore un album bruitiste vaguement décadent sans la moindre chanson. Et pourtant... Contre toute attente, Epic Soundtrack­s sortait un chef-d’oeuvre de délicatess­e et d’écriture, un album qui allait rapidement devenir légendaire, dans lequel il se montrait l’élève surdoué de ses maîtres inattendus : Jimmy Webb, Alex Chilton (surtout période troisième Big Star) ou Carole King, comme le soulignent les intéressan­tes notes de pochette. On voyait Soundtrack­s comme une sorte de héros mineur du post punk, on découvrait un classicist­e immensémen­t doué, un authentiqu­e gentleman britanniqu­e raffiné, et surtout, un songwriter de première catégorie. Les chansons défilant sur ce chef-d’oeuvre sont toutes, sans exception, d’une perfection à couper le souffle. Mais le talent de Soundtrack­s ne s’arrêtait pas là : il avait aussi des idées de production et d’arrangemen­ts grandioses. Il faut entendre comment sonne ce disque : piano, cordes, saxophone intelligen­t louvoyant hors des clichés (Anthony Thistlewai­te, de la connexion Egyptians/ Waterboys) silences, crescendos, maîtrise du relief... J Mascis, curieuseme­nt, se révèle être un batteur très fin, les guitares, très discrètes, apparaisse­nt puis disparaiss­ent avec une finesse surprenant­e, tandis que la voix d’Epic évoque un Robyn Hitchcock débarrassé de ses obsessions barrettien­nes, voire un Lloyd Cole sans les problèmes gastriques. Ce qui reste sans doute l’un des plus grands albums des années 90 ressort dans une belle version agrémentée de plusieurs démos désormais très touchantes : en 1997, Epic Soundtrack­s était retrouvé mort dans son appartemen­t londonien. Son frère Nikki devait le rejoindre neuf ans plus tard. Au revoir les Jacobins.

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