Dick Rivers
Parlophone/ Warner Conceptuel et politique, Dick Rivers l’était moins, sauf, peut-être, dans les titres de ses albums (“AutenDick”, “The Very Dick”, “AutoRivers”, “Dick’N’Roll”, etc). Mais alors là, en 1969, il a atteint un sommet. Il sort un album concept né dans l’esprit malade de Manset, l’histoire de Christian Barrow, à laquelle nous n’avons rien compris, si ce n’est la phrase introductive : “Lamort,passage durêveàlaréalité,sanstransition, peut-être...Maissurtoutbelled’êtresans douleuretsanstrace.Disparitiontotale dessouvenirsetdesimagesblessées danssonsubconscient.Mortdesoichez lesautres.Mortdestracesdel’esprit, vieintérieureducorpsquis’efface. Noussommestousdescondamnésà mort (wow ! — NdA).” C’est Manset en personne qui déclame cette puissante déclaration d’une voix précieuse et affectée. Pas sûr que Dick ait tout compris lui-même, lui qui chantait encore “Twist A Saint-Tropez” quelques années auparavant. Le disque est hilarant, son “Hamlet” à lui, et très représentatif des boursouflures de l’époque. Mais la voix de Dick, loin devant le vibrato grandiloquent de Johnny ou les roucoulades d’Eddy, sauve cette curiosité pleine de cordes et des paroles supradébiles. Le reste est un curieux mélange de grosse variété, de quatuors à cordes à la française, avec ici et là des touches de flamenco et de bossa pour halls d’hôtel dont les arrangements n’auraient pas détonné sur les antiques compiles “In Flight Entertainment” des années 90. Qualité française, indeed.