“The Incredibly Strange Music Box”
Righteous/ Cherry Red (import Gibert Joseph) Le marketing sauvage reposant sur le seul nom des Cramps ayant débouché à plusieurs reprises sur des compilations lamentables, c’est avec une méfiance ardente qu’on approche cette double compilation... Dans le livret, des articles de journalistes venus de Mojo laissent présager une démarche sérieuse (même si personne ne dit s’être rendu dans la maison d’Ivy pour inspecter sa collection, ce qui est tout de même assez étonnant), et le contenu confirme l’impression : sonnant parfaitement — ce ne fut pas toujours le cas sur les nombreuses compilations capitalisant sur le nom des Cramps — voici pas moins de 60 titres cinglés survolant plusieurs genres : rockabilly, bien sûr (le “Whistle Bait” des Collins Kids ne déçoit jamais), mais aussi surf, exotica, novelty records, country agitée, frat rock, gothique fifties (“Sinners” de Freddie & The Hitch Hikers) ou R&B. On rit beaucoup, ce qui est assez rare pour être souligné, grâce à des trucs dingues comme “Delicious !” de Jim Backus & Friend, des bégaiements (“Sutterin’ Cindy” de Charlie Feathers ou “Tongue Tied Over You” de Rusty Draper), des hurlements (“Enough Man !” de Bobby Christian) ou des couinements (“Let Me Out” de Kenyon Hopkins) en pagaille, tandis que les intitulés des morceaux montrent l’étendue des ravages : “Tarzan” (Glen Reeves & His Rock-Billies), “Don’t Fuck Around With Love” (The Blenders), “Here Am I Drunk Again” (Clyde Beavers), “Shock Treatment” (The Invaders) ou l’épatant “I Hate Rabbits” (Jerry Neal) ne cessent de réjouir tandis que d’autres chansons parlent de vaudou, du diable ou des vertus du pain à l’ail. On pensait tomber sur une arnaque absolue, on découvre 60 titres fabuleux au mastering impeccable. L’affaire de l’été et la WildWildParty assurée. Shriekback, les Slits, The Fall — Mark E Smith, qui n’aime personne, a beaucoup d’admiration pour Sherwood, ce qui n’est pas peu dire, et John Lydon n’en pense pas moins ; lorsqu’on plaît aux deux plus grands misanthropes du rock, on devrait avoir droit à sa propre statue — Maximum Joy (comptant quelques anciens du Pop Group, dont Mark Stewart qu’il a également produit en solo et qui était un ami d’enfance de Sherwood) ou l’étonnante Vivien Goldman, ancienne journaliste de NME