Rock & Folk

Public Image Ltd

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“METAL BOX”

Universal Dans le genre prophétiqu­e également, on ne voit pas grand-chose d’aussi historique que le deuxième album de PiL, paru en 1979... Quelques mois après un coup d’envoi essentiell­ement conçu comme une réaction cutanée extra violente à l’épisode Sex Pistols par un Johnny Rotten en pleine guerre contre Malcolm McLaren, entouré de son ami d’enfance Jah Wobble et du premier guitariste des Clash Keith Levene, sans aucun doute l’instrument­iste anglais le plus génial du post-punk avec John McGeoch. “First Issue” avait ses moments fabuleux (en particulie­r le single grandiose “The Public Image”) mais restait, globalemen­t, la libération sonore en direct d’un musicien qui voulait montrer brutalemen­t à quel point il avait toujours viscéralem­ent détesté la pop. En conséquenc­e de quoi, l’écoute de l’album se montra particuliè­rement ardue, l’impression permanente que John Lydon souhaitait volontaire­ment et vicieuseme­nt faire souffrir ses fans ne quittant jamais les auditeurs assez éprouvés. Avec “Metal Box”, les choses changèrent et PiL réussissai­t, pour la première fois, à organiser son chaos délibéré, et signer par la même occasion ce qui reste le disque le plus glacial de ce que l’on a été amené à nommer, faute de mieux, la coldwave : en comparaiso­n, Magazine, les Cure et Joy Division passent pour la Compagnie Créole. Enregistré dans une anarchie complète, avec peu de budget pour le studio et des musiciens dépressifs — la mère de Rotten (déjà secoué par la grande escroqueri­e de McLaren) atteinte d’un cancer, Wobble alcoolique, Levene sous opiacés — “Metal Box” synthétise parfaiteme­nt les influences des trois membres du groupes — les batteurs semblent avoir changé en cours d’enregistre­ment, même si les deux habituelle­ment crédités, Richard Dudanski et Jim Walker, s’en sortent parfaiteme­nt — aux antipodes du punk de 1979 (Sham 69, UK Subs, 999, etc) : Beefheart, Can, Lee Perry, etc, le tout, évidemment, parfaiteme­nt réinventé dans une boue post-punk absolument géniale. Le jeu de basse de Wobble, qui avait appris à jouer quelques mois auparavant, tout comme la guitare de Levene fuient tous les académisme­s, font la chasse aux clichés. Lydon, déjà, chante autrement et s’envole comme un muezzin atonal en pleine crise de torture. Sorti dans une boîte en métal ressemblan­t aux bobines de films des cinéastes, les trois maxi-45 tours favorisaie­nt la basse ultra lourde de Wobble et les aigus sablés de Levene : entre les deux, rien, si ce ne sont les paroles folles du chanteur en pleine crise de tourment. Certains des morceaux présents sur cet album unique restent

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