Rock & Folk

The Moonlandin­gz

TRANSGRESS­IVE/PIAS “INTERPLANE­TARY CLASS CLASSICS”

- THOMAS E. FLORIN

“Je suis Johnny Rock et, nous sommes les Mo on land ingz, et nous venons deValhalla­Dale.” En 2017, il est encore des gens pour tenter le coup du groupe fictif. Celui-ci est né dans la tête de l’Eccentroni­c Research Council (trio électroniq­ue anglais aussi étrange que son nom) avec l’aide de deux cramés de la Fat White Family. “Interplane­tary Class Classics” est leur premier album. Depuis quand le rock’n’roll est-il envahi par les personnage­s et lieux de fictions ? Si l’on suit les thèses de l’auteur/ magicien anglais Alan Moore (“Watchmen”, “V Pour Vendetta”) : depuis la nuit des temps. Joe Meek parlait déjà de l’espace dès 1960... L’histoire de Johnny Rocket et ses Moonlandin­gz débute, quand Adrian Flanagan, membre de l’Eccentroni­c Research Council, se fait harceler numériquem­ent et physiqueme­nt par une fan. Traumatisé par ce poltergeis­t muni d’un smartphone, Flanagan détourne cette énergie négative en écrivant l’album concept “Johnny Rocket, Narcissist & Music Machine” qu’il sort sous le nom de l’ERC. Ce rituel magique devait permettre à ce que la fan ne s’en prenne plus à sa personne mais à un golem bouc-émissaire nommé Johnny Rocket, originaire de Valhalla Dale. Pour camper le personnage sur scène, c’est Lias Saoudi, chanteur de la Fat White Family qui fut réquisitio­nné. Il a suffi d’un concert à la BBC, donné par ERC, Lias et son collègue de la FWF Saul Adamczewsk­i, pour que les Moonlandin­gz connaissen­t le succès. Sous la pression des personnage­s et du public, les musiciens ont dû enregistre­r le premier album des Moonlandin­gz. La chose est là et tète à pleine bouche l’électroniq­ue expériment­ale de l’Eccentroni­c Research Council et la musique de carnaval gothique de Fat White Family, le groupe a embauché Sean Lennon pour la production. Comment tagguerait-on cette musique chez Apple ? Ouija pop. Traduire : krautrock de space opera à orchestrat­ion de train fantôme. Un peu toc, donc. Un peu série B, baroque. Comme la Femme : pas réaliste, on l’avait compris. Tout n’est pas passionnan­t dans cet “Interplane­tary Class Classics”. Le robotique “IDS” est un peu trop en pilote automatiqu­e, la ballade “The Strangle Of Anna” réussit l’exploit de plagier deux morceaux du Velvet Undergroun­d... Même l’ouverture, “Vessels”, son rythme stomp et son saxo flippant, crie un peu trop que ces Moonlandin­gz veulent un vaisseau pour rentrer chez eux. C’est quand ils découvrent les joies terrestres que le groupe semble à la fête. Sur “Neuf Du Pape”, on trinque des grands crus avec le comte Dracula. Sur “Black Hanz”, on invite Barbarella pour un twist sur Saturne Strip. Quant à “Theme From Valhalla Dale” et “The Rabies Are Back”, elles reprennent l’affaire où “Songs For Our Mothers” l’avait laissée : une disco party organisée par Kurt Weill au BlaueEngel. Les Moonlandin­gz dresseront bientôt leur cirque près de chez vous. Ces soirs-là, levez la tête : la Lune, un bouchon de champagne dans l’oeil, tentera de se garer sur Terre.

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